Le Bosc

Aiguisé

A l’entrée de la galerie du Centre Leclerc à Le Bosc, Philippe de la “Coutellerie Occitane” présente sa large gamme de couteaux de Laguiole et de France. « J’expose également des articles pour un rasage traditionnel, des couteaux pour cuisiner ainsi que des couverts de table. Une fois par semaine, je propose un service affûtage !».
Contact : 04 67 88 62 02

table ronde

André Huan met en place le nouveau festival médiéval sur la commune de Le Bosc. « Depuis 2003, j’organise des reconstitutions historiques. Dans ce cadre riche d’Histoire, je cherche à partager les valeurs de la chevalerie incarnées par les moines soldats de la Couvertoirade toute proche. Profitez des spectacles et des animations que nous vous offrons les 15 et 16 juillet ! »
Contact : 04 67 44 70 47

Fleuris

En entrant à Salelles du Bosc suivez les panneaux “Les serres de la Marguerite”, vous arriverez chez Magali et David. « Nous sommes producteurs de plantes et de fleurs et certifions que 98% sont issues de notre travail. Sans intermédiaire, nous proposons un circuit court qui conjugue prix bas, qualité et conseils. »
Contact : 06 11 72 12 81

Au Bosc

En remplacement du centre commercial du Bosc, une réflexion est proposée à la population concernant l’avenir du site, plusieurs appels à projets sont à l’étude. Un sondage est mis en place dès le 1er avril pour permettre à la population de trancher et de poser les bases de l’orientation de ce lieu. Les pistes proposées sont actuellement : une université populaire libre, un centre muséographique aquatique, un discount alimentaire, un espace de musculation naturiste, un centre culturel regroupant théâtre, cinéma et salle de spectacle, une vente à la criée, un abattoir à poissons. On peut voter avant la fin avril sur : https://framadate.org/hlj1Asxvdzu42ZIE

Vie et mort de l’employé…

Pourquoi ne pas d’abord considérer l’humain avant ?

La crise économique qui touche la France est expliquée par de multiples théories économiques. Mais rares sont celles qui cherchent à souligner la dimension humaine de situations parfois dramatiques. Pourtant cela devrait rester au cœur de ces explications. Voilà, hélas, un nouvel exemple de ce désintérêt :

Le premier week-end de février a vu la mort du supermarché du Bosc, et comme pour fêter cet événement une braderie gigantesque fut organisée qui attira une foule considérable. L’épisode tourna au tragi-comique car les gendarmes durent intervenir pour ramener au calme des consommateurs devenus fous. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, car sans doute un certain nombre d’articles achetés s’est retrouvé dès le lendemain sur les étals des puces aux environs et la quarantaine d’employés désormais licenciés vécurent ce moment cauchemardesque et surréaliste dans la plus profonde tristesse. Une personne fit remarquer aux journalistes que si seulement 2% des clients présents ce jour-là avaient été des clients fidèles, le magasin aurait pu être rentable.

Faut-il l’accepter et considérer que la vie économique est faite de destructions créatrices pour reprendre la formule de Schumpeter ? Cet économiste autrichien mort en 1950 a théorisé un mouvement propre aux économies capitalistes basé sur la complexité des liens entre monopole, concurrence, innovation et investissement dans l’innovation : Une entreprise qui innove et qui investit dans un nouvel outil économique voit nécessairement son travail devenir moins performant au fil du temps et sera concurrencée par de nouvelles formes d’innovation. Du coup un cycle se terminera par la disparition de l’entreprise, mais ouvrira du même coup la porte à de nouvelles innovations, c’est-à-dire que toute activité économique qui est détruite permettra à de nouvelles de se développer. Ainsi le supermarché du Bosc a investi sur un site et a ouvert une possibilité qui s’est vue détruite par des circonstances économiques défavorables. Mais cela débouchera vers de nouvelles offres – notamment par une nouvelle enseigne qui profitera des installations déjà existantes, mais qui sera capable d’offrir un nouveau service plus adapté à la clientèle. Ce processus montre qu’il y a progrès même au cours des crises économiques. Nous pourrions même dire que la crise est alors un processus nécessaire et bienfaisant, car il permet le progrès !
Sommes-nous au Bosc dans cette situation ?
Le supermarché était-il une innovation qui a permis un vrai progrès ? Cela se discute car la théorie de Schumpeter s’applique surtout à ce qu’on appelle la macro-économie, c’est-à-dire les grandes évolutions qui traversent la société et qui modifient la réalité économique de la France, tel que le développement des outils numériques depuis vingt ans. Le problème du Bosc relève plutôt de la micro-économie, terme qui vise l’organisation locale des acteurs économiques, et cela revient à considérer que l’équilibre entre l’offre et la demande détermine seul les magasins viables dans le secteur. L’homo œconomicus a sa propre logique et calcule son intérêt. La fidélité est depuis longtemps exclue du champ du commerce, pour laisser la place aux fluctuations des bonnes affaires. La Main Invisible, décrite par Adam Smith dès le dix-huitième siècle et qui organise l’offre et la demande dans le commerce, exclut tout sentiment de solidarité et de miséricorde dans ses calculs. Ainsi un bon économiste expliquera les raisons de cette faillite – mauvais emplacement, magasin trop grand ou trop proche des autres grandes surfaces, suite d’événements malencontreux tel que la fermeture prolongée de l’A75. L’économiste expliquera aussi que ce n’est pas le rôle d’un consommateur de soutenir l’aménagement du territoire en allant faire ses courses dans un magasin en difficulté. La solidarité est une valeur de la République Française que l’on met en exergue dans les cours de morale, mais elle ne rentre pas dans les comptes financiers.

Ces explications théoriques sont très éclairantes mais elles font fi des personnes qui ont travaillé dans cet endroit, qui s’y sont investis et qui voient cette fermeture comme un déchirement, un échec. Elles ont un rapport affectif et non uniquement rationnel avec leur outil de travail. L’économie ne tient pas assez compte de cette dimension humaine ; elle la réduit à une variable indiquée par ce terme froid – le coût social. C’est un constat indéniable. Nous pouvons opposer à ce raisonnement que la société a néanmoins besoin de cette dimension humaine pour être en bonne santé, et non simplement du calcul de taux de richesse (le fameux P.I.B. nourri par la croissance devenue mythique en France). Axel Honneth, philosophe allemand né en 1949, a critiqué cette vision purement comptable de l’économie. Il appartient à ce qu’on appelle l’école de Francfort, célèbre dans le domaine de la philosophie pour sa critique de la société dès l’après-guerre. Cette école de philosophie a forgé les outils pour penser l’essor du capitalisme dans le monde, non pas en désirant le détruire nécessairement, mais en réfléchissant sur toutes les circonstances liées au fait de considérer le monde comme un immense marché et les humains comme de potentiels clients. Axel Honneth est le représentant le plus prestigieux de cette école aujourd’hui, grâce à sa théorie de la reconnaissance (expliquée dans un ouvrage du même nom en 1992). Selon lui le problème principal dans nos économies modernes n’est pas la rentabilité mais la justice sociale. Cette dernière ne peut se réaliser que si on dépasse la simple question des inégalités sociales pour toucher les questions de la dignité, du respect de tout un chacun. Le rapport moral que les individus entretiennent avec leur outil de travail joue un rôle essentiel dans la manière dont ces mêmes individus vivent les mutations inévitables dans leurs activités : ils ont besoin d’être reconnus par la société dans leur dignité de travailleurs. Cela veut dire que dans une société, l’identité individuelle passe par l’intériorisation des schémas de la représentation, car chaque individu se perçoit comme un membre particulier et à part entière de la société : il a intériorisé les valeurs de prestige social et il a besoin d’être reconnu dans son rôle joué pour le développement de cette société.

Dit autrement nous ne travaillons pas uniquement pour créer des richesses et gagner notre vie, nous travaillons également pour accéder à une dignité qui passe par la reconnaissance de notre activité. Cette reconnaissance est portée par nos employeurs, mais aussi par nos voisins et nos concitoyens. Si nous devions définir ce qu’est la justice sociale, nous ne devons pas parler uniquement des différences de salaire. Personne ne souhaite que chacun ait le même salaire à la fin du mois. Il suffit que la rémunération permette l’épanouissement personnel en offrant à chacun une dignité sociale et c’est à ce niveau que nous devrions rechercher la véritable équité. A l’inverse l’humiliation sociale est la pire des punitions que l’on peut infliger à un individu, une réelle injustice. Cette humiliation sera de ne pas considérer les efforts que chacun fait pour avoir sa place dans la société, par exemple en le considérant comme un simple rouage qui peut disparaître sans que cela nous touche. Axel Honneth explique, sans niaiserie aucune, que « La justice sociale passe par les trois principes fondamentaux que sont l’amour, l’égalité juridique et la contribution reconnue au développement de la société. » Que représenta donc le jour funeste de la fermeture pour les employés du supermarché du Bosc ? La fermeture et la faillite de leur magasin ? La perspective du chômage ? Ou l’indifférence de ces individus qui, comme des requins, sont venus vider les rayons samedi matin ? Sans doute les trois. Mais le manque de pudeur de ces clients qui se sont presque battus pour des “soldes” inattendus fut l’acte final de leur mort commerciale et sociale. Je pense que si, au lieu de courir, quelques clients s’étaient arrêtés pour leur dire un mot de compassion, le goût d’amertume aurait un peu disparu dans leurs bouches.

par Christophe