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A rio, n’oublie pas de monter à vélo

Le dimanche 21 août, vers 17h30, nombreux furent les Lodévois et Lodévoises à se planter devant leur écran de télévision, ou mieux devant le grand écran installé dans la salle du peuple de la mairie, pour assister en direct aux exploits, et malheureusement aux déboires, d’un de leurs concitoyens, en l’occurrence le jeune Victor Koretzky, 22 ans, qui participait à ses premiers Jeux Olympiques, à Rio, en course VTT.

Au-delà de l’exploit sportif, C le Mag a désiré en savoir un peu plus sur les coulisses de cette grande manifestation sportive, telle que vécue par le sportif lodévois.

Discipline de fer

Déjà installé à la quatrième place de la coupe du monde de la discipline, Victor avait été sélectionné parmi les meilleurs espoirs français, dans la roue des intouchables trentenaires que sont le français Absalon ou le suisse Schurter. Toutefois, en raison de son calendrier assez chargé, il n’avait pu participer, un an auparavant, aux premiers essais du parcours. « Mais grâce à Internet, j’avais pu prendre connaissance du tracé et de ses principales difficultés, ainsi que des temps réalisés par les premiers sélectionnés ayant pu tester le circuit ».

En fait, ce parcours, Victor ne devait le connaître qu’au lendemain de son arrivée à Rio, le mardi de la dernière semaine des Jeux. Ce qui signifie qu’il n’avait pas assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Rio. « Cela ne servait en effet à rien que j’arrive plus tôt, le circuit n’étant pas encore ouvert ». C’est donc le lundi soir que Victor s’est envolé de Roissy, en business class, en compagnie de plusieurs autres sportifs de différents pays, pour un vol d’une dizaine d’heures. « Bien que commençant à devenir un habitué des aéroports et des décalages horaires, comme en attestent les tampons sur mon passeport, ces vols sont toujours importants. A la veille de rendez-vous essentiels, comme celui de Rio, rien ne doit être négligé. On ne doit laisser aucun détail de côté. Cela signifie que l’on ne peut pas se permettre de perdre une nuit, ou de s’alimenter n’importe comment ». Au cours de notre entretien dans les locaux de C le Mag, Victor reviendra souvent sur cette discipline que doivent s’imposer tous les sportifs de haut niveau, afin de leur permettre d’accéder à l’excellence.

Infrastructures laissant à désirer…

Dès son arrivée sur le sol Brésilien, le jeune vététiste lodévois a donc été pris en charge par le Comité National Olympique, en vue de son accréditation, passeport obligatoire lui permettant de circuler librement dans tous les espaces réservés aux sportifs participant aux jeux et à leur staff (entraîneurs, masseurs, mécaniciens, etc…). « Mais il ne faut pas se leurrer, la navette olympique, bien que circulant sur une voie spéciale, a mis une bonne heure de route avant de nous mener au village olympique. Cela nous a permis de constater que les infrastructures mises en place pour ce grand rendez-vous sportif laissaient vraiment à désirer, laissant penser que bien des choses avaient été faites dans l’urgence, avec des routes un peu défoncées, des flaques d’eau apparentes…Bref, on a fini par arriver dans ces grands immeubles réservés aux sportifs et à leur encadrement. Découverte des chambres, mais aussi de cet énorme espace destiné à la restauration, un self géant proposant des plats pas toujours assez diversifiés à mon goût. Mais il est vrai que c’est notre métier que d’apprendre à s’alimenter, à s’entraîner. Et encore, en tant que cyclistes, nous ne sommes pas contraints à des exigences de poids comme certains athlètes, boxeurs, judokas, haltérophiles en particulier. En ce qui me concerne, j’ai opté pour une nourriture la plus saine possible, en évitant le gluten, et en privilégiant les féculents à l’approche des épreuves. De plus, nous savons que nous sommes toujours à la merci d’un contrôle anti-dopage, qui peut survenir à tout moment, et n’importe où, ils peuvent débouler en pleine nuit dans notre chambre, dans le cours d’une année ».

Nous laissons deviner à nos lecteurs à quel point les cyclistes sont particulièrement visés, après toutes ces affaires de dopage qui ont défrayé les chroniques au cours de ces dernières années. Tout cela pour dire que Victor ne s’était pas envolé pour une partie de plaisir à Rio. Dans la perspective de “sa” course prévue le dimanche, le jeune cycliste a dû s’imposer un rythme bien calculé, avec réveil à 7 heures, suivi d’un petit déjeuner, avant de partir sur le circuit pour des essais. Encore fallait-il tomber dans les bons créneaux, entre les essais réservés aux féminines, les mixtes et autres catégories. Le repas de mi-journée était souvent pris sur place avant d’effectuer de nouveaux essais. Retour enfin au village olympique pour une séance de massage, le dîner et enfin le coucher. Bref, pas beaucoup de temps pour regarder les exploits des autres sportifs à la télévision, ni aller passer la soirée au Club France, situé à environ une heure du village olympique, avec les nouveaux médaillés du jour. Encore moins d’apercevoir sa famille ou ses amis qui avaient fait le déplacement pour venir l’encourager le jour “J”.

Le soutien de la famille et des amis

Car pour ce premier déplacement aussi attendu que prestigieux, le clan Debayle-Koretzki s’était mobilisé : « Ma mère, mon père, mon frère Clément (ndlr : ce dernier débute également une carrière de cycliste professionnel sur route qui avait failli l’an passé l’envoyer sur le Tour de France), ma copine, un cousin et même ma grand-mère ». Interrogé sur la présence de ses proches, Victor a reconnu qu’une telle présence lui était toujours salutaire : « Même, si dans le feu de l’action, je ne les vois pas vraiment, je sais reconnaître leurs voix, cela me booste forcément et m’encourage à persévérer dans mes efforts. Certains d’entre eux m’accompagnent fréquemment et je leur en sais gré. Et à Rio, c’est tout naturellement à eux que j’ai donné la préférence, en allant les retrouver le dimanche soir, après ma course, plutôt que de participer à la cérémonie de clôture des J.O ». Mais même s’il ne l’a pas dit, Victor s’est très certainement senti encouragé par tous les lodévois sollicités à suivre ses exploits à la télévision.

Parmi les autres souvenirs de cette première expérience olympique, Victor n’est pas prêt d’oublier tous ces athlètes, plus ou moins connus, qu’il a pu croiser lors de ses déplacements dans le village olympique. « J’ai surtout été surpris par la taille de certains, qui me dépassaient d’une ou deux têtes. Quand on les voit à la télévision, on ne s’en rend pas bien compte, mais devant soi, c’est vraiment autre chose. Car à côté de nous, les cyclistes qui, dans l’ensemble, sont plutôt gringalets, ils font figure de géants. Quoi qu’il en soit, j’ai aussi été impressionné par le profond respect des autres athlètes à notre égard. Cela fait aussi partie des joies du sport de haut niveau ».

C’est donc la tête encore remplie de tous ces bons souvenirs que Victor Koretzky est rentré en France, non sans avoir « bien fait la fête dans l’avion de retour avec d’autres sportifs français ». Depuis son retour, le jeune champion a repris ses entraînements, a participé au grand rassemblement VTT sur le Larzac, se pliant avec sympathie à la signature de nombreux autographes de la part de ses nouveaux “fans”. Mais il se prépare aussi pour la course VTT qui doit se dérouler à Fréjus le 8 octobre prochain, où sont attendus près de 5.000 vététistes. Une course parmi d’autres pour ce cycliste professionnel plein d’avenir, avant de se retrouver sur le circuit des grandes épreuves nationales, européennes ou mondiales, et bien sûr, dans quatre ans… sur le chemin des Jeux Olympiques de Tokyo !!!

Par Bernard

Qu’elle est verte ma vallée

La liaison Bédarieux Mazamet devenue la « Voie Verte Passa Pais » est une longue histoire et une belle réalisation pour notre nouvelle région, l’Occitanie. « Passa Pais » (prononcer « Passo Païs »), signifie en occitan « Passe-Pays ».
De la voie ferrée à la voie verte, c’est un véritable changement d’époque, un changement de relation avec la nature, un changement de façon de vivre entre le XIXe siècle et le XXIe siècle.

Il était une fois…
Il fallait créer un réseau ferroviaire particulièrement dense pour aider l’industrialisation de la France et permettre de meilleurs échanges entre les territoires est l’œuvre d’un empereur controversé, Napoléon III. Il fallait également relier Montpellier à Toulouse pour intensifier les échanges entre la plaine languedocienne et la région toulousaine et compléter la desserte moins rapide que fournissait le canal du Midi. La ligne a été créée en 1889. 163 ouvrages d’art jalonnent le parcours : tunnels, ponts, tranchées.
Les manufactures drapières tout au long du parcours entre Mazamet et Bédarieux, le transport des animaux élevés dans le Tarn et vendus en Languedoc, le commerce des peaux, du bois, du sel, du charbon, du vin ont rendu cette ligne indispensable et très fréquentée pendant 80 ans. Elle fut un élément essentiel du développement de notre région pas encore nommée « Occitanie ».
Les voyageurs ne sont pas oubliés. La «  Belle Epoque » a vu la création de la ligne Paris/Lamalou les Bains par Castres et Mazamet, un train spécial transportait depuis la capitale, aristocrates et bourgeois venant « prendre les eaux » à Lamalou.
Bédarieux au carrefour d’une ligne nord sud et de cette ligne est-ouest voyait passer chaque année 250.000 voyageurs sous sa célèbre marquise. 300.000 tonnes de marchandises transitaient par ses quais. Plus de 200 cheminots travaillaient sur le site.

De nos jours…
La crise industrielle à partir des années 1960 avec le déclin de l’industrie textile, la fermeture des mines entraîna une baisse sensible du trafic. Le trafic voyageurs se maintint un temps entre Toulouse et Montpellier grâce à 3 liaisons journalières directes Toulouse Montpellier avec une micheline Renault. Pourtant dès 1968 les pouvoirs publics décident de supprimer cette ligne non rentable. Elle ferme en 1986. La civilisation des loisirs arrivant, il y eut une tentative avortée de création d’un train touristique entre Bédarieux et Mons la Trivalle.
Il faudra attendre quelques années pour que les conseils généraux du Tarn et de l’Hérault décident d’aménager cette ancienne voie de chemin de fer en voie verte. Le déferrement de la voie débute en 2006, les travaux d’aménagement se terminent en 2016.
Les voies de communication créent du lien social. Dans sa mutation la voie verte conserve cette vocation de lien entre les villes et villages, entre Bédarieux et Mazamet. Les riverains l’empruntent aujourd’hui pour aller travailler à vélo. Nombre de salariés des établissements de Lamalou habitant les villages voisins circulent sur cette voie. Le gros de la fréquentation est formé par les randonneurs à pied, à vélo, à cheval (69.000 usagers sur l’année écoulée comptabilisés à Hérépian).
Le comportement des vacanciers change, la voie verte permet de suivre cette évolution et même de l’accompagner : pendant très longtemps partir en vacances c’était s’installer sur la plage pour bronzer. Aujourd’hui le touriste profite de ses vacances pour partir à la découverte de paysage mais aussi de territoires authentiques. La voie verte propose un autre mode de circulation et de découverte que la voiture. C’est à travers une itinérance choisie par le marcheur ou le cycliste que les rencontres vont se faire. Villages, paysages, musées, sites d’exception, points d’accueil s’offrent au vacancier grâce à une signalétique normalisée mise en place par le Parc Régional du Haut Languedoc. Découvrir tout en ayant une pratique sportive, telle est l’offre touristique à deux niveaux du Parc du Haut Languedoc.
Parcourir cette voie verte permet aussi de s’émerveiller devant un riche passé ferroviaire et des prouesses technologiques réalisées par les ingénieurs du XIXe siècle. Il faut citer le tunnel de la Fenille long de 800 m permettant de passer du versant méditerranéen au versant atlantique de la Montagne Noire ; le pont d’Olargues jeté sur le Jaur réalisé par les élèves d’Eiffel ; la tranchée de Courniou et son mur de soutènement qui a permis lors de son creusement de découvrir la grotte de la Devèze.

Inauguration
Sous la responsabilité de Marie Hélène Lavastre maire adjointe de Bédarieux, élue référente « Voie Verte », ce dimanche 11 septembre 2016 se dérouleront des festivités tout au long du parcours à destination des usagers et des visiteurs venus découvrir pour la première fois les sites.
L’inauguration officielle du dernier tronçon atteignant Bédarieux aura lieu en début de matinée : Kléber Mesquida président du Conseil Départemental de l’Hérault en compagnie de Thierry Carcenac président du Conseil Départemental du Tarn et de Daniel Vialelle Président du Parc du Haut Languedoc en charge de la promotion et en présence de Antoine Martinez Maire de Bédarieux et Président de la communauté Grand’Orb couperont le ruban.
Telle est la mutation vécue par cette ligne Mazamet Bédarieux devenue la « Voie Verte Passa Pais », une formule de déplacement doux.

Par Jean-Philippe Robian