Science

Sommes-nous tous de la même famille ?

La question posée par l’exposition que reçoit ce mois-ci la librairie Un point un trait de Lodève, a nécessité les réponses variées et parfois surprenantes de nombreux chercheurs. Préhistoriens, paléontologues, généticiens, anthropologues, mathématiciens, historiens, géographes et sociologues s’y sont collés, pour un résultat qui alimente scientifiquement et solidement les arguments de ceux qui luttent contre toutes les formes de racisme. 

Oui, notre apparence physique est une “carrosserie aux designs et aux coloris variables mais notre moteur reste identique” : nous sommes tous construits sur le même modèle.

Point de départ obligé : nous sommes tous de l’espèce humaine, ce qui signifie que nous sommes une population dans la classification du vivant qui est interféconde, dont la descendance peut elle même se reproduire : toutes les femmes peuvent avoir des enfants avec tous les hommes sans distinction. Et cela fait du monde ! Plus de 7 milliards aujourd’hui, soit 7 fois plus qu’il y a 200 ans.

Nous sommes les Homo sapiens, des Homininés de la famille des Hominidés que nous partageons avec les grands singes. Après quelques tergiversations sur les fossiles, il semble se confirmer que nous sommes apparus il y a 200.000 ans en Afrique. La disparition de Néandertal il y a quelques 30.000 ans semble cependant plus complexe à analyser que prévu, puisque l’incroyable essor des connaissances en génétique vient de nous démontrer que nous avons bénéficié de 1 à 4 % du patrimoine génétique de Néandertal.

“On ne naît pas homme, on le devient”

Cependant, notre parenté biologique est loin d’être le seul critère qui fait de tous les humains actuels une seule et même famille. Notre diversité culturelle, si on s’écarte des pièges dépassés de l’ethnocentrisme, peut-être analysée et comparée avec pertinence. Nous avions appelé “primitifs” ou “sauvages” des modèles de cultures différents du nôtre mais l’histoire de chaque population justifie ses choix. Par exemple, alors que pour un Occidental manger avec ses doigts est “sale”, pour un Indien utiliser une fourchette en se privant du sens du toucher dans l’acte de se nourrir est une aberration grossière et artificielle.

Le 2 novembre 2001, l’UNESCO a fait un acte fort en publiant sa “Déclaration universelle sur la diversité culturelle”. Dès l’article 1, cette diversité culturelle est proclamée comme étant « un patrimoine commun de l’humanité, source d’échange, d’innovation et de créativité, à sauvegarder pour les générations présentes et futures ». A l’article 3, elle est définie comme un « moyen d’accéder à une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle satisfaisante ». A l’article 4, son respect est inséparable du respect de la dignité humaine.

La riche histoire des civilisations antiques le prouve : le métissage culturel a toujours été un facteur de progrès de l’humanité. Le défi lancé à nos sociétés actuelles est de tirer le meilleur parti de la globalisation du monde et des opportunités nouvelles considérables d’échanger et de nous confronter à la diversité culturelle.
Mais revenons sur notre biologie. Bien que tous fabriqués sur le même modèle et possédant un patrimoine génétique à 99,8 % semblable d’un individu à l’autre, les 0,2 % restants font toute la différence, puisque nous sommes tous reconnaissables !

Il ne s’agit pas seulement de notre couleur de cheveux, d’yeux, de peau, de notre taille… A ces critères s’ajoutent, par exemple, nos résistances aux maladies, notre intolérance au lactose et 1000 petites subtilités ayant parfois d’importantes conséquences pour chacun d’entre nous. Dans ces 0,2 % on trouve essentiellement les conséquences de phénomènes adaptatifs à l’environnement. Ils résultent de conditions climatiques locales, de régimes alimentaires, d’agents pathogènes rencontrés qui au fil de centaines de générations ont inscrit leurs marques dans notre génome. Certaines combinaisons génétiques sont plus ou moins fréquemment rencontrées selon l’origine géographique. On peut aujourd’hui, grâce à la génétique, remonter le temps et être capable de connaître l’ascendance d’un individu ainsi que son continent d’origine. 

Revenons, par exemple, à l’intolérance au lactose après le sevrage : elle a un caractère ancestral. 70 % de la population mondiale ne digère pas le lait. Des mutations génétiques ont permis à certaines populations du Caucase et de l’Afrique de le digérer. Cette mutation se serait produite il y a 10.000 ans avec le développement de l’élevage bovin et de la consommation de produits laitiers. En Europe, les personnes intolérantes au lactose sont essentiellement des populations immigrées, notamment asiatiques, et leurs descendants. Concernant la couleur de peau, ses variations sont dues aux gènes qui contrôlent la production de la mélanine, un pigment foncé qui sert de rempart aux effets nocifs des ultraviolets, tels que les brûlures et cancers cutanés. A proximité de l’équateur, les populations ont développé un bronzage permanent variant du brun foncé au blanc rosé, qui s’effectue graduellement en fonction de l’intensité du rayonnement solaire. La couleur claire des habitants des régions peu ensoleillées est également un phénomène adaptatif. Il permet aux ultraviolets de pénétrer plus facilement dans la peau et d’aider à la synthèse de la vitamine D.

L’Homo sapiens en pleine croissance ?

C’est sans doute l’amélioration des conditions alimentaires et sanitaires qui influe le plus sur l’augmentation de la taille moyenne de la population mondiale. Mais le brassage génétique avec d’autres populations est aussi un événement important. Les immigrés d’origine asiatique installés aux États-Unis ont gagné 20 cm en une seule génération.

Le classement des êtres vivants

L’une des premières origines d’un “racisme scientifique” serait peut-être à découvrir dans l’œuvre du grand savant Carl von Linné. Il est certes le créateur indispensable de l’appellation binominale des espèces en latin qui permet de les nommer, les distinguer et mieux les étudier. Mais on peut dire “qu’il en fait un peu trop” quand en 1758 il propose la première classification scientifique de l’espèce humaine et divise l’Homo sapiens en quatre variétés : les Americanus (rouges, colériques et droits), les Europeus (blancs, sanguins et musculaires), les Asiaticus (jaunes pâles, mélancoliques et rigides), les Afers (noirs, flegmatiques et décontractés)… Inutile de dire que l’exposition ne s’arrête pas sur cette affirmation tragi-comique ! Elle aborde la hiérarchisation des hommes qui fut le support à l’inégalité des droits, décortique les stéréotypes sociaux qui nous divisent et observe que nous sommes tous des descendants de migrants… 

Par Frédéric Feu

Les mesures antiques: quels pieds ? Quel pied !

Chorobates ! Dioptras ! Odomètres ! Gromaticiens ! Pinnules d’astrolabe ! Fils à plume ! Gnomons du pauvre ! : tel un capitaine Haddock furibard, plus enclin pour une fois aux insultes tirées de noms de mesure plutôt qu’au langage maritime, je sors de la salle de cours dans laquelle j’initiais à de passionnantes mesures antiques des collégiens de 4°, et une rage démesurée m’envahit quand la sonnerie de récréation tenta de briser l’intense concentration d’élèves en train d’arpenter avec plaisir les chemins du savoir… mais ils ont décidé de rester pour continuer ! On était à deux doigts – pardon, à deux « pouces » ! – d’atteindre l’objectif : former les constructeurs futurs d’un nouveau pont du Gard.

Quelque part, je me repens ainsi et me venge, sur le tard, de cette indifférence que j’entretins dès le plus jeune âge avec la géométrie et qui me fit zapper des cours (avec pour conséquence, bien sûr, quelques belles après-midis passées en retenue). A l’époque, je n’avais pas encore lu la saga d’Alix, ce jeune héros antique en toge rouge et sandales de bande dessinée franco-belge (aujourd’hui encore, incontournable). Il arrive tout de même à se retrouver au cœur de péripéties et de faits historiques qui, dans la réalité, ont été parfois espacés de plus de mille ans (il croise Ulysse et assiste à la chute de l’Empire romain). Je n’avais pas encore de mes yeux vu Le Caire, Alexandrie, Athènes, Mycènes, Rome, Pompéi, et je m’ennuyais profondément en tant que jeune lyonnais lors de visites familiales des théâtres romains et autres romanitudes de Lugdunum, capitale des Gaules, certains dimanches après-midis post-gueuletons épuisants.

Et puis : vlan ! Le ciel m’est tombé sur la tête ! Quelques lectures, de bons films, un prof d’histoire « vivant », et la potion devint magique. Encore un gamin qui veut devenir archéologue ! (ça ne s’est pas fait, mais bon, mon métier m’amène à travailler l’histoire en permanence, donc ça va…).

Plusieurs lycées, collèges et écoles héraultais vont accueillir cette animation qui oblige le Centre de l’Imaginaire Scientifique et Technique à itinérer avec son bric-à-brac d’instruments reconstitués, certains imaginés depuis plus de 3000 ans, et qui permettent de comprendre l’incommensurable génie humain. En fait, comme tout un chacun, l’élève à des réticences à se tourner vers un sujet qui lui paraît rébarbatif au premier abord mais c’est aussi dans ce cadre, lorsque sa curiosité est piquée, qu’il va trouver le plus de raisons de se creuser les méninges.

L’avantage des mesures et des maths c’est que ce sont des disciplines dont les fondements sont justement la curiosité et l’étonnement. Car, à partir d’un problème pratique, elles révèlent sans cesse des mondes insoupçonnés aux savants et artisans de différents métiers qui les ont inventées.

Du coup, honnêtement, chaque fois que je fais ces ateliers, ce que je mesure surtout c’est le fonctionnement hallucinant des neurones de ces jeunes de 7 à 15 ans… et ça déchire !

Un bout de bois, une maquette de pyramide, les traces de pas d’un chameau, une corde à treize nœuds, et tous ces instruments bizarres que j’ai cités en introduction tels des jurons improbables, et voilà que l’on peut faire un véritable voyage dans le temps. 

Les élèves choisissent parmi tous les objets et s’ensuit en général un léger temps de dispute amusante : non, on ne va pas pouvoir tout faire ! C’est le principe même du cabinet de curiosités.

Partons il y a plus de 3000 ans sur les rives du Nil en Égypte. Je nomme un élève pharaon ou pharaonne, qui nomme à son tour un arpenteur et son équipe. Ils vont remesurer les terrains agricoles parfois dévastés par des crues particulièrement violentes du Nil. Habituellement, ces crues sont des bénédictions qui irriguent les exploitations mais là, c’est un désastre. Tout a été détruit : récoltes, veaux, vaches, cochons, couvées, palmiers, cabanes à outils, palissades… Le cours d’eau a changé, les montagnes et les dunes elles-mêmes ont été modifiées voire déplacées… Une vraie chambre d’ado ! Pharaon agit vite car, sans pouvoir travailler, son peuple ne pourra lui payer des impôts, justement pharaoniques ! L’arpenteur va délimiter de nouveaux champs et les élèves découvrir tout ce que l’on peut faire avec une « simple » corde à treize nœuds, et un sens aigu de l’observation. Ils vont sans faire exprès réinventer l’angle droit parfait qui n’existe nulle part dans la nature et ce bout de corde va leur montrer qu’il peut devenir un des instruments de haute précision permettant de faire certains des calculs les plus essentiels aux sciences et techniques.

Mais… bing ! Mickey s’est cogné la tête, Doc a ré-appuyé sur l’accélérateur, le sablier s’est renversé et le voyage dans le temps continue… Le choix des élèves nous fait arriver il y a 2400 ans, à la cour du roi de Macédoine. On nomme Aristote comme précepteur du jeune prince Alexandre qui va devoir calculer et mesurer le mouvement des objets dans l’espace… Une science vient d’être inventée, on l’appelle : « gravité ». Elle va exciter les savants et les fabricants de catapultes et autres canons pendant 2000 ans ! Les hypothèses étaient bonnes mais les mesures ne l’étaient pas et on a ramé comme des dingues jusqu’à l’arrivée de Galilée et Newton, qui ont permis de comprendre où était l’erreur.

J’adore voir pédaler dans la semoule ceux qui doivent essayer de reconstituer la logique des idées, lutter contre leurs a priori, utiliser des mesures pour contrecarrer les mauvaises intuitions que leurs cinq sens leur ont suggérés…

Et… bing ! On est reparti pour une autre époque… Oui, mais voilà, mon rédac chef chéri a lui aussi un instrument de mesures : il compte en nombre de caractères avec et sans intervalles et m’indique qu’encore une fois je vais dépasser le temps et la distance, risquer de rendre mon article en retard, risquer d’avoir trop écrit pour que ça rentre dans les deux pages ! Pourtant, ce ne sont pas deux mais plutôt 10, 15 époques différentes qu’il faut pour comprendre les mesures et vraiment s’éclater avec les bizarreries de l’histoire des sciences.

Invité par le Musée Régional d’Art Contemporain Occitanie/Pyrénées-Méditerranée (MRAC) à Sérignan pour la grande expo (superbe!) « La mesure du monde », à laquelle contribuent plus de 25 grands artistes venus des quatre coins du globe, je ferai une conférence animée le dimanche 15 mars à 15 h, et adaptée à ce lieu magique.

(Si vous venez au MRAC, vous pourrez en profiter pour visiter aussi la deuxième exposition événementielle du moment : « Fata Bromosa » d’Abdelkader Benchamma, réalisée suite à sa résidence à la Villa Médicis. C’est un jeune artiste issu des Beaux-Arts de Montpellier qui monte, qui monte…).

A la librairie un point un trait de Lodève, le samedi 29 février à 11 h je ferai également une version spéciale. A très bientôt !

Par Frédéric Feu

93 millions de milliards de moutons !

En mai 2013, ma rubrique dans C le Mag vous soumettait quelques réflexions éparses sur l’avancée, l’histoire et l’imaginaire de la robotique, tout en vous annonçant que nous y reviendrions plus tard. Or, l’année qui vient de s’écouler fut riche en actualités, qui nous relient parfois aux origines anciennes du rapport entre l’homme et la machine.

Incorrigible, je commencerai par une anecdote personnelle qui vient de resurgir à mon esprit. Vous êtes sans doute nombreux à avoir vu « Blade Runner 2049 » de Denis Villeneuve, qui était une nouvelle variation du roman de Philip K. Dick « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques », publié en 1966.
Finalement les superbes décors, un synopsis sans sacrilège et le jeu acceptable de Ryan Gosling, ont permis de ne pas trop provoquer de crises épileptiques chez les fans du « Blade Runner » de Ridley Scott de 1982. Harrison Ford y campait un impeccable Rick Deckard, chasseur d’androïdes sortis du rang, ne respectant pas la durée de vie qui leur était imposée.
Le titre de la nouvelle de K. Dick était toujours resté à mon esprit parce qu’enfant j’avais du mal parfois à m’endormir et qu’à ce moment là on vous assénait toujours le même conseil : « compte les moutons ! ».
Le problème c’est qu’en bon gosse du cœur de Lyon, ma vision du mouton était celle que j’avais dans mes livres et bandes dessinées, dont Gotlib – oui, je sais j’étais un peu jeune pour lire ça – et je vous mets au défi, pour vous apaiser, d’avoir à l’esprit des moutons de dessins animés ou d’illustrations humoristiques sautant en général une barrière au moment du comptage ! Il faut déjà une concentration hors pair pour ne pas déraper dans ce qu’on imagine au bout de dix secondes.
Je n’ai compris que beaucoup plus tard le conseil qui m’était donné, souvent de la part de personnes de ma famille qui avaient elles habité très longtemps à la campagne. Regarder passer au pas un troupeau de moutons réel, conventionnel, avec la vraie obligation du berger de ne pas se tromper dans le comptage, même s’il est lancinant : tous les moutons se ressemblent, font très peu d’écart, ne sautent pas en l’air et encore moins de barrières, et dans ce cas là, je vous mets au défi au contraire de ne pas perdre le fil de ce que vous êtes en train de faire et de ne pas vous assoupir !

Programmer un robot pour un comptage lancinant ne risque évidemment en rien de l’assoupir puisque c’est la base même de son fonctionnement, la chose la plus facile à priori à réaliser pour lui. Donc penchons-nous plutôt sur quelque chose de plus ardu.
Avec un peu (beaucoup !) de retard, j’ai revu tranquillement « Imitation Game » sur l’exploit du mathématicien et cryptologue mécanique Alan Turing, qui fut un des pères de l’informatique. J’avais trouvé le film sympa, un peu propret, mais dont le thème évidemment était passionnant. En fait, il supporte très bien d’être revu pour y remarquer quelques détails supplémentaires… Précurseur de l’ordinateur, Alan Turing créa un test, « Imitation Game », permettant de déterminer si l’on est en train de converser avec un humain ou une machine, lorsque des échanges écrits sont entretenus sans que l’on puisse voir son interlocuteur.
Une idée marrante à la base puisqu’elle s’inspire d’un jeu de société anglais identique qui consistait à essayer de deviner avec le même système si l’on est en train de parler avec une vraie femme ou un homme en train d’imiter une femme, et tenter de répondre comme elle.

Dans « Blade Runner » un test de questions et d’observations physiques permettent aux chasseurs de réplicants de les identifier : le test de Voight-Kampff. Il s’inspire bien sûr du test de Turing.
C’est Arthur C. Clarke qui, dans le roman ayant inspiré « 2001 l’Odyssée de l’espace » a renommé le test « Imitation Game » de Turing à la gloire du savant, et il n’y a plus aujourd’hui une seule année où l’on n’ait pas des informations sur la progression des machines capables de tromper leurs interlocuteurs.
Pour autant, en lisant la littérature scientifique sur ces réussites extraordinaires de machines tellement humaines qu’elles nous amusent, il me semble que cela nous ramène bien souvent à l’histoire du baron de Kempelen.
Peut-être avez-vous vu récemment sur Arte, tardivement, ce vieux film des années 1920 qui raconte, en très romancée, l’histoire du « turc mécanique », automate capable soi disant de jouer aux échecs, qui fut réellement construit par l’ingénieur Johann Wolfgang von Kempelen. Doté d’une superbe machinerie visible par le public, il était capable de faire une partie avec d’excellents joueurs et de les vaincre. Ce qui était pour l’époque bien naturel puisque, aussi ingénieuse que soit la machinerie, c’était un leurre qui dissimulait un humain caché sous la table qui effectuait la partie réelle.
Après avoir eu la célébrité méritée il fut revendu et continua son parcours à la rencontre d’adversaires aussi prestigieux que Napoléon Ier ou Edgar Allan Poe, qui en fit une célèbre nouvelle.

Mais les experts font remarquer qu’aujourd’hui, pour les machines soumises au test de Turing, certaines l’ont réussi surtout parce qu’elles avaient intégré des duperies évitant de se mettre en mauvaise situation.
Il faut faire très attention également de prévoir que la machine n’utilise pas sa puissance de calcul, soit pour répondre à des questions auxquelles aucun homme n’aurait pu répondre, soit pour effectuer des calculs très simples dans un délai qui, lui aussi, paraitrait irréaliste.
Rappelons que si la machine à calculer analytique de Babbage était capable de réaliser en 1830 près de 300 opérations en une minute, que dire du plus gros ordinateur actuel qui peut en faire 93 millions de milliards en une seconde !

A l’heure où l’on produit des androïdes où l’apparence humaine commence réellement à nous tromper dans sa texture de peau, qui est encore améliorable, et où les algorithmes permettent de rapprocher de plus en plus la machine des capacités de gestion du cerveau humain, profitant également de certains fonctionnements qui peuvent paraître chaotiques voire irrationnels, les réplicants ne sont plus loin et nos enfants les rencontreront à coup sûr. Pour l’heure, rassurez vous sur internet, en regardant des concerts du groupe allemand Compressorhead, 5 robots au look « Johnny Five », qui interprètent honorablement AC DC, Metallica ou mieux… les Ramones ! Chacun ses goûts et bonjour chez vous.

Par Frédéric Feu

L’écolo tous terrains

Rencontre avec Philippe Martin

Depuis plus de 40 ans, Philippe Martin s’investit pour faire partager sa passion pour cette région d’adoption du Centre Hérault tellement riche en sites aussi variés qu’exceptionnels. Si bien qu’au fil des ans, il est devenu « la » référence écologique sur tout ce qui touche au Lac du Salagou et ses alentours. En témoigne son dernier ouvrage illustré intitulé Salagou-Mourèze… Amoureux d’ici, paru fin juin de cette année.

Avec son allure filiforme, Philippe Martin ne passe pas inaperçu dans le paysage Héraultais qu’il a parcouru en tous sens, en tant que peintre, photographe animalier ou de la flore méditerranéenne, mais aussi archéologue. Lorsqu’il arbore son petit bonnet, le souvenir du commandant Jacques-Yves Cousteau n’est jamais loin. D’ailleurs, il en a souvent frôlé l’approche, du moins tout au long de son parcours au service de l’écologie. Ainsi lorsqu’il découvre le Salagou, en avril 1975, c’est en tant que maître-nageur-sauveteur à la plage de Clermont-l’Hérault. Et ce Lac du Salagou, surgi seulement quelques années auparavant, (ndlr : sa date de mise en eau remonte à 1968), il n’a cessé depuis lors de le fréquenter, tant pour sa flore que pour sa faune aquatique. Chaque année, au mois de février, c’est toujours seul, dans une scènographie qui lui appartient, qu’il participe à Celles au festival Carnaval’Eau, créé en 2005. Il ne craint pas, malgré la fraîcheur de l’eau, de se mouiller une fois de plus pour les causes qu’il défend à longueur d’années, et qu’il distille à travers les sorties qu’il organise et anime sur le terrain, ou à travers les nombreux ouvrages à son actif.
La passion de transmettre ses connaissances
Suite à sa rencontre avec Gaston Combarnous, érudit en sciences du patrimoine et Jacques Belot, professeur de lettres classiques, mais surtout fondateur du G.R.E.C (Groupe de Recherches et d’Etudes du Clermontais) en 1974, Philippe Martin crée sa propre maison d’éditions et fait paraître en 1985 La Faune et la Flore du Centre de l’Hérault. Deux années plus tard, il récidive avec un autre ouvrage co-écrit avec Jef Vallot, président de l’association Salagou Découverte. Un livre trilingue en français, allemand et anglais intitulé Salagou la couleur ! déjà richement illustré de dessins, croquis et photographies mettant en valeur quelques sites remarquables de la région (Cirques de Mourèze, de Navacelles ou de l’Infernet), mais aussi « quelques bizarreries de la nature telles que canyons de ruffes, résurgences de rivières souterraines ou orgues basaltiques », avec un bref rappel sur la faune et la flore de ce secteur du Centre Hérault. Un sujet qui l’interpelle particulièrement, puisqu’en 1988 et 1989, paraissent succesivement Flore de Villeneuvette et Flore du Salagou et Flore de Mourèze (Ed. G.R.E.C). Quelques années plus tard, à l’initiative du S.I.A.T du Salagou (Syndicat Intercommunal d’Aménagement Touristique du Salagou) et de son Président Marcel Vidal, Sénateur de l’Hérault et Conseiller général du canton de Clermont-l’Hérault, Philippe Martin réalise avec les Ecologistes de l’Euzière, où il travaille alors, Salagou, pays fantastique (1992). Un ouvrage sur ce site privilégié plus spécifiquement destiné « aux amoureux de la nature, familles en vacances, sportifs, pêcheurs ou citadins en quête d’espaces protégés, qui, une fois venus sur les ruffes qui bordent les eaux vivantes du lac, ne voudront plus les quitter et ne penseront qu’à y revenir en rêvant à ses multiples aspects ».

Du naturaliste au photographe découvreur de l’Hyperfocus
Si, depuis l’âge de 7 ans, Philippe Martin avait contracté le virus du naturalisme, quelques décades plus tard, il est atteint par un autre virus, celui de la photographie. « J’ai en effet, nous a-t-il avoué, plus de 45 ans de photo derrière moi, mais à force de manier la macro-photographie, j’ai fini par découvrir un procédé permettant, à partir de photos d’un même sujet, plante, fleur ou animal, pris millimètre par millimètre, de présenter en fin de course une image nette du plan le plus rapproché au plus éloigné, ce qui n’est généralement pas le cas en macro-photographie, où la profondeur de champ est très limitée ». Ce procédé, appelé “Hyperfocus”, a donc été mis au point par Philippe Martin, en juillet 2008 à Saint-Privat, lieu de sa résidence principale où il crée l’association Matorral, dont il devient le seul directeur salarié. Son procédé est remarqué par la télévision française qui lui consacre 2 émissions Des Racines et des ailes. Une fois ce procédé bien maîtrisé, il le met immédiatement en pratique dans son livre Hyper Nature Centre de l’Hérault (Ed. Biotope 2012), qui connait dès sa sortie un immense succès, bien au-delà de nos frontières, et qui ressortira deux ans plus tard dans une version plus étoffée sous le titre Hyper Nature Tropical. Lequel ouvrage obtient même le “Prix du livre français” lors de la Nuit du Livre en 2014. Et entre temps, les américains lui ont racheté ses droits d’édition. Enfin, présenté au Président du Sénat, Daniel Larcher, son procédé fait l’objet d’une exposition sur la biodiversité du Centre de l’Hérault, sous forme de grands panneaux photographiques de 2m x 1,20 m accrochés aux grilles du Sénat à Paris. Une exposition qui a vu défiler 1.500.000 visiteurs de septembre 2014 à janvier 2015 et qui a été reprise en partie quelques mois plus tard, en février 2015 par André Vézinhet, alors président du Conseil général de l’Hérault, au sein du Pôle culturel pierresvives.
Salagou-Mourèze avec les « Amoureux d’ici »
Comme prévu, notre écologiste n’allait pas s’arrêter en si bonne voie. C’est ainsi que cette année un nouvel opus de 2 kilos pour seulement 20€ , bourré de photos dont certaines prises à partir de drône, faisait son apparition sur les étagères des libraires. Un livre de Science et de Culture, comme le définit lui-même Philippe Martin, intitulé Salagou-Mourèze… Amoureux d’ici, édité par l’Association Matorral. Partant du fait que le site du Salagou ne doit pas être seulement tourné vers son lac, source de tourisme, l’auteur a fait appel à 208 co-auteurs, ses “Amoureux d’ici” agissant dans toutes les disciplines sur le secteur couvrant le Bassin permien du Lodévois jusqu’à Cabrières, en passant par la Vallée du Salagou, le Cirque de Mourèze, la Manufacture royale de Villeneuvette ou encore le Pic de Vissou. Archéologues, géologues, paléontologues, volcanologues, mais aussi biologistes ou botanistes, architectes, paysagistes, vignerons, bergers, artistes plasticiens, dont certaines grosses pointures ont ainsi apporté leur contribution à cet ouvrage en démontrant les potentiels patrimoniaux énormes de cette région. Enormes, mais malheureusement pas assez mis en valeur par certains édiles de la région, comme ceux pointés du doigt par Philippe Martin dans deux pages du livre intitulées 2006-2015 : Syndicat Mixte de Gestion : ça suffit ! Ce qui a valu à l’écologue de se retrouver le 13 août dernier devant le Tribunal de Grande Instance de Montpellier, en audience des référés, à l’initiative du Syndicat mixte de Gestion du Salagou, et de venir en personne plaider sa cause. Finalement, la plainte du Syndicat mixte était jugée irrecevable, d’autant plus que Philippe Martin avait confirmé devant le TGI que les deux pages litigieuses ne figureraient plus en cas de réédition. A ce jour, le Syndicat mixte, débouté, n’a toujours pas fait appel de la décision des juges. Bref, fort du succès de son ouvrage (3.000 exemplaires vendus en 3 semaines), un nouveau tirage de 4.000 exemplaires a vu le jour.
Mais Philippe Martin, au seuil de la retraite, a déjà dans ses cartons d’autres projets, un livre qui devrait s’intituler Hypernature sous-marine du monde (parution prévue en octobre 2016) et son départ pour la Californie, les Caraïbes, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Calédonie, à la découverte de nouvelles aventures photographiques, mais pas seulement,… à nous faire partager.

Par Bernard Fichet

Avons-nous des idées lumineuses ?

Alors ? Sommes-nous des lumières ? Réponses du QCM « Sommes nous des lumières ? »
Retour sur la “Fête de la science” qui marquera la fin de “L’année internationale de la lumière ”. Retrouvez toutes les réponses du QCM du mois dernier et venez découvrir avec nous les mille et un aspects étonnants de la lumière !

Bravo, vous avez gagné à notre jeu proposé dans notre dernier numéro, non pas une automobile italienne réputée mais… l’estime de votre serviteur !
Pour mémoire, les questions proposées dans ce quizz célébrant l’année mondiale de la lumière et cette nouvelle Fête de la science 2015, étaient :

Il affirme commander le Soleil…
A : Allan Quartermain
B : Tintin
C : Hank Morgan
D : Christophe Colomb

Il fallait bien sûr répondre : tous !!!
Il semblerait que ce soit Christophe Colomb dans ses récits de voyage qui, le premier, a pensé en 1504 à utiliser une éphéméride indiquant la date des éclipses, pour faire croire aux indiens de Jamaïque qu’il pouvait commander au soleil.
C’est ensuite le tour d’Allan Quartermain, célèbre aventurier qui part à la conquête des mines du Roi Salomon, d’effectuer la même prouesse sous la plume de Sir Henry Rider Haggard en 1885.
L’idée sera reprise par Mark Twain, qui imagine en 1889 son héros Hank Morgan propulsé dans le passé à la Cour du Roi Arthur…
Tintin, sur son bûcher aux côtés de Tryphon Tournesol et du capitaine Haddock en 1948, est donc le dernier à utiliser le stratagème pour convaincre les Incas.

Que ne mettait-on pas dans les lampes des civilisations antiques ?
A : de l’huile d’olive
B : du vinaigre
C : du bitume
D : de la graisse de baleine

La réponse est : du vinaigre, bien sûr ! Il ne brûle pas. En revanche, contrairement à ce que l’on pourrait croire, même le bitume avait été utilisé au Moyen-Orient.

A quoi sert la thermoluminescence?
A : Faire des sous-vêtements chauds
B : Trouver l’âge d’une poterie
C : Relever des empreintes digitales

Comment ça… après tout ce que vous avez vu comme séries télévisées où l’on utilise des poudres phosphorescentes révélatrices, en particulier, de liquides et sécrétions trouvés sur des scènes de crime, vous ne savez pas que… ça n’a rien à voir !
La thermoluminescence est une « méthode de datation qui consiste à chauffer progressivement un échantillon jusqu’à 600-700°C et à mesurer la quantité de lumière émise durant le chauffage. Les objets datables sont ceux à base de quartz, feldspath, calcite ou zircon qui contiennent naturellement de très petites quantités d’éléments radioactifs. Le principe repose sur le fait que les doses d’irradiation reçues par un objet s’accumulent au cours des ans : si la dose annuelle est connue, on peut déterminer l’âge de l’objet. » (source Internet).

Qu’est-ce-que Socratea exorrhiza ?
A : Un arbre qui marche vers la lumière
B : Une théorie de philo relative à une caverne
C : Une maladie du cobra royal due au soleil
Pauvre Socrate ! Déjà qu’il est difficile de faire comprendre que ce fantastique penseur a élaboré des techniques pour arriver à pister la vérité dans un discours… Si nous-mêmes on vous embrouille en mélangeant cela avec le mythe de la caverne élaboré par Platon, vous n’êtes pas près de voir la lumière dans cette histoire.
Non, c’est un palmier des Andes qui crée de nouvelles racines en dehors de la terre, déplaçant l’arbre vers une zone lumineuse quand sa position d’origine est trop sombre.
Dommage pour les générations qui désormais auront encore moins de chance de faire du grec !

Nous posions également quelques autres questions, dont vous pourrez trouver les réponses à Saint-Jean-de-Fos, en particulier lors du festival Festibol, qui accueille un cabinet de curiosités-jeu très amusant sur cette thématique.

Je ne ferai pas l’affront de reposer la question : dans quel film Jack et Elwood ont-ils vu la lumière ?… Si vous n’avez jamais vu « Les Blues Brothers », votre cas me semble irrécupérable…
Mais concernant la vraie couleur de la tomate, si vous êtes capables de déceler les 50 pièges qu’il y a dans cette seule question, c’est que vous êtes sans doute à la fois biologiste, chimiste, physicien, ophtalmologiste, et j’en passe… Parfois, les pièges étaient bien cruels !

A la question : quelles couleurs voyait John Dalton ? La torture est à son comble : comme d’innombrables personnes, la plupart d’entre vous nous ont répondu qu’il devait confondre le vert et le rouge en bon daltonien… cela devrait être très logique puisque ce scientifique anglais avait découvert l’existence de cette maladie et lui avait donné son nom. Pourquoi s’y était-il intéressé ? Tout simplement parce qu’il pensait en être atteint.
Oui, mais (attention c’est « dégueu » !) : on a récemment rouvert le bocal contenant ses yeux qu’il avait donnés à la science et qui constituent une pièce étonnante du Natural History Museum de Londres. Depuis sa mort en 1844, il s’est passé bien des choses, dont la découverte de l’ADN. Or le daltonisme est une maladie génétique. On a donc effectué sur les globuleux organes visuels du génie les analyses d’usage. Eh bien, Dalton s’était trompé : il était en fait touché par une autre maladie cousine et confondait d’autres couleurs du spectre lumineux. De là à l’envoyer dans un pénitencier américain avec ses lointains cousins sous la surveillance de Lucky Luke…

La Fête de la science célébrera l’an prochain la théorie de la relativité par Albert Einstein. Si ce thème vous effraie, il ne vous reste donc que cette année pour vivre des moments très drôles et sympathiques et découvrir en famille les mille et un aspects étonnants de la lumière !

La comédienne Claire Engel (compagnie « Chagall sans M »), bien connue sur le territoire, fera partie de l’événement.

Par Frédéric Feu