lycée

De l’Hérault aux Grandes Ecoles

Ancienne élève du lycée Jean Moulin de Pézenas, j’ai pu constater du peu d’informations transmises concernant notre orientation par nos lycées héraultais. Aujourd’hui en licence science politique à Rennes, j’ai décidé de participer à ce combat contre le manque de communication entre les filières sélectives et les lycées de provinces. Pour cela, je me suis impliquée dans De l’Hérault aux Grandes Ecoles, association luttant contre ces inégalités.

Samedi 7 décembre 2019, l’association De l’Hérault aux Grandes Ecoles a organisé pour la première fois une “Journée Culturelle”. Cet évènement s’est déroulé dans le cadre d’ateliers gratuits accompagnant les lycéens dans leur préparation aux concours des IEP et de Sciences Po Paris. Le programme de cette première édition était axé autour des thèmes présentés au concours commun des IEP : le secret et la révolution.

Durant cette journée, ils ont d’abord pu bénéficier d’une visite guidée du musée Fabre de Montpellier sur le thème de la révolution. Cette visite a été, à mon sens, l’occasion pour les lycéens de poser un regard neuf sur les collections du musée Fabre et peut leur donner envie de plus fréquenter les musées. Cela a été suivi d’un déjeuner organisé dans “La Brasserie du Dôme”, qui a permis un rapprochement entre les membres de la prépa permettant ainsi de plus les inciter à travailler ensemble. Pour terminer cette journée, une table ronde a été organisée sur le thème du secret avec des intervenants tenus par le secret professionnel.

En tout, elle a regroupé 32 participants, et leur a permis d’approcher les thèmes imposés par les concours de façon plus concrète et ainsi leur donner une chance de se différencier des autres concurrents. Cette première édition a donc été un succès et d’autres événements de ce type seront organisés dans les prochains mois à destination, cette fois, de tous les lycéens héraultais. 

Créée en 2018 par Clémence Quinonero, De l’Hérault aux Grandes Écoles est une association locale. Constatant le cruel manque d’information sur l’orientation dans les lycées ruraux, cette dernière a pour principal objectif de favoriser l’égalité des chances en comblant ces lacunes. Ainsi, la présidente a fait de l’association un véritable instrument de lutte contre les inégalités subsistant dans les milieux ruraux tout en permettant aux lycéens de bénéficier d’aides à l’accès aux informations et à la culture.

Par exemple, l’association a mis en place un système de parrainage regroupant 31 anciens lycéens héraultais ayant intégré des filières sélectives qui, sur la base du volontariat, conseillent et aident des lycéens à préparer leur orientation. Les plus actifs ne se contentent pas du parrainage et font vivre De l’Hérault aux Grandes Écoles de différentes manières. Clément Cherici par exemple, est en master à Sciences Po Paris et fait régulièrement des allers-retours pour intervenir dans les lycées ou veiller à ce que les projets se mettent bien en place. Ces interventions dans les lycées sont une partie importante du travail de sensibilisation. Elles consistent à aller dans les lycées partenaires pour parler directement aux élèves de l’association et de ce chemin sinueux qu’est l’orientation. Généralement organisée par deux étudiants aux profils différents, l’intervention débute par une présentation de l’association et de ses projets et termine par une foire aux questions pour laisser les élèves s’exprimer sur le sujet. L’élément clef de ces dernières est : la proximité. C’est ce qui fait la particularité de l’association. C’est ce qui permet d’instaurer une certaine confiance entre lycéen et étudiant car sans cela l’association perd tout son sens. C’est avec cet objectif en tête qu’elle met en place tous ces projets proposés aux élèves. En un peu plus d’un an, l’association a donc aidé une cinquantaine de lycéens, et a permis à certains d’intégrer de grandes écoles telle que l’École Spéciale des Arts Appliqués de Paris.

Pour continuer dans cette lignée, une prépa gratuite a été mise en place en septembre 2019 à Clermont l’Hérault et Castelnau-le-Lez pour aider les étudiants dans leur préparation aux concours des IEP et de Sciences Po Paris. Pour Nicolas Lassus, un élève en première du lycée Joseph Vallot de Lodève, cette prépa est “une chance d’accéder à l’univers des grandes écoles malgré les difficultés”, ce dernier nous témoigne également de l’intérêt porté par les professeurs intervenants sur la préparation des concours et la motivation des élèves. Ayant lieu tous les samedis, la prépa fait intervenir trois professeurs de lycée de façon bénévole pour préparer les sujets exigés au concours. Du côté des élèves cela demande une importante rigueur surtout pour ceux ayant pour ambition de passer le concours de Sciences Po Paris. Cette prépa permet donc aux élèves les plus motivés de combattre ce plafond de verre instauré par la ruralité. De plus, parallèlement à ces ateliers, un suivi poussé est organisé par l’association avec des anciens lycéens de la région qui ont connu l’expérience des IEP ou Sciences Po Paris. Selon Maguelone Pénalver, élève du lycée Saint Guilhem, l’aide de son parrain lui a été précieuse et est, pour elle, un exemple de réussite. Les parrains/marraines doivent instaurer un suivi régulier avec leur filleul en les appelant régulièrement et les encourageant dans leurs démarches. C’est donc dans ce cadre-là que s’est mise en place la journée culturelle du 7 décembre. L’investissement des parrains/marraines est donc crucial, ainsi que celui des intervenants. Mais avant tout, ce sont les lycéens qui sont les acteurs de leur orientation.

L’association a donc un bel avenir qui s’offre à elle ; pour l’instant cantonnée à la vallée de l’Hérault, elle commence à se développer et à toucher de plus en plus d’établissements. En à peine un an, elle a réussi à construire un réseau de partenaires et à monter une série de projets marquants et importants. Cependant, aujourd’hui l’association touche essentiellement de bons élèves déjà motivés et informés sur leur avenir, et n’arrive pas encore à toucher les lycéens moyens “oubliés” du système. D’une manière plus générale cela n’est que le reflet des lacunes du système éducatif français ne mettant en valeur que les filières sélectives élitistes. La revalorisation de filières reléguées au second plan tels que les BTS ou les DUT, pourrait permettre une représentation plus complète des parcours d’orientation. Et, à mon sens, cette revalorisation pourrait passer par des associations comme De l’Hérault aux Grandes Ecoles de par la diversité de leurs membres et de leur volonté de casser les codes de l’éducation française.

Ainsi, l’objectif de cette association est réellement prometteur et nous donne de l’espoir quant à l’égalité des chances. Elle est la preuve vivante que, aujourd’hui, les Grandes Ecoles ne sont plus réservées à l’élite parisienne. Et pour reprendre les mots de Maguelone Pénalver “il est important que les jeunes issus de tous les territoires, ruraux notamment, soient représentés dans les grandes écoles […] c’est une question d’équité et d’équilibre du territoire”.

Par Margaux

Soutiens

Les élèves de la filière Services aux personnes du Lycée Agricole de Gignac ont pour projet cette année de réaliser une action humanitaire au Maroc dans la région de Souss Massa. L’objectif des élèves est de récolter des fonds pour réaliser ce projet et venir en aide à des associations marocaines. Ces différentes actions permettront d’offrir aux enfants autistes un endroit où ils pourront jouer, s’épanouir et apprendre dans de meilleures conditions.