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Urgence pour les urgences de Lodève !

Après avoir perdu successivement, au fil des trente dernières années, sa maternité, puis sa clinique (en 2008) autant de lits récupérés par Montpellier, avec pour conséquence immédiate la fermeture de son service d’urgences, la ville de Lodève se bat désormais pour obtenir au moins la création d’un “vrai” service d’Urgences, au sein de son hôpital local, pour satisfaire les besoins de tous les patients situés sur la zone des trois communautés de communes de ce Centre Hérault : Lodévois-Larzac, Clermontais et Vallée de l’Hérault. Pour y parvenir, une association s’est constituée depuis plusieurs mois pour interpeller les instances s’occupant de ce dossier.

Une pétition déjà signée par plus de 3000 personnes. Depuis 2012, l’Hôpital local de Lodève ne dispose que d’un Centre d’accueil et de permanence de soins (CAPS), lequel peut prodiguer quelques premiers soins, mais faute de moyens suffisants, est souvent obligé de renvoyer certains patients pour des examens ou des interventions plus importantes vers les hôpitaux de Montpellier ou de Béziers, soit à plus de 45 minutes de Lodève, loin des 30 minutes préconisées par le gouvernement précédent. C’est en particulier ce qui peut se produire en cas d’accident sur l’A75, zone particulièrement accidentogène, qui nécessite fréquemment une urgence vitale. Alors que dans un premier temps, l’ARS avait délivré une autorisation de transformer ce CAPS en véritable service d’urgence, elle devait revenir sur cette décision en septembre 2015 en présentant un avenant annulant purement et simplement cette autorisation. Depuis lors, et en dépit de plus de 8000 patients qu’il accueille chaque année, et malgré le récent remplacement de ses médecins, fin 2016, le CAPS de Lodève se doit donc d’améliorer son service médical. Et c’est précisément ce que demande la jeune “Association pour de véritables urgences au centre hospitalier de Lodève”, qui se bat depuis sa création officielle le 3 juin 2017, pour obtenir la requalification de son Centre de soins en véritable service d’Urgence.
Pour ce faire, l’association n’a cessé de multiplier des rencontres, à tous les niveaux. A commencer par la population locale auprès de laquelle sa pétition, présentée sur le marché hebdomadaire, mais aussi dans le hall de Super U ou encore tout dernièrement lors de la fête des associations, a déjà recueilli plus de 3000 signatures. Mais ses actions se sont évidemment aussi dirigées vers les principaux acteurs susceptibles de les aider dans leur objectif. C’est ainsi qu’au cours de cet été, ses membres actifs ont sollicité les compétences de la sous-préfète de l’arrondissement de Lodève, tout autant que des responsables du CHU de Montpellier ou de l’Agence régionale de la Santé (ARS). C’est d’ailleurs de cette dernière que pourrait venir la bonne nouvelle, car elle doit présenter prochainement son Projet régional de santé. Un projet qui doit entrer en vigueur, et pour cinq ans, dès le 1er janvier 2018. C’est dire si le temps presse ! Parmi ses arguments en faveur de ce service d’Urgence, l’association rappelle que le centre hospitalier de Lodève dispose d’atouts certains, tel que son récent service d’imagerie comportant scanner, échographie et radio. Elle fait également remarquer que l’Hôpital local de Lodève ne cesse de développer ses offres de soins en se dotant depuis quelques mois de médecins spécialistes en chirurgie viscérale et orthopédique, d’une sage-femme et d’un gynécologue, sans dépassements d’honoraires, et d’un ophtalmologue du secteur privé, en provenance du Centre hospitalier de Millau.

Mobilisation générale autour du projet. De son côté, l’ARS semble prête à proposer un Service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) au Centre hospitalier de Clermont-l’Hérault. Aussi, l’association lodévoise travaille-t-elle désormais sur un dossier plus élargi qui engloberait les deux centres hospitaliers de Lodève et de Clermont-l’Hérault afin de satisfaire les besoins de la population dans ce secteur en plein essor qui compte près de 50000 habitants. C’est dans cette optique que les militants de l’association souhaitent aussi faire entendre leurs arguments auprès du Dr Guy Lassalvy, président de la Commission Santé du Pays Cœur d’Hérault, ainsi qu’auprès des députés des 4e et 5e circonscriptions de l’Hérault. Consulté à ce sujet, le Dr Lassalvy estime que ce rapprochement entre les deux centres hospitaliers voisins ne pourrait qu’être une bonne solution. C’est ainsi que lors d’une séance du conseil communautaire du Clermontais, en date du 10 mai 2017, le président de la Commission Santé a plaidé pour « une mobilisation des élus pour les aider à structurer et pérenniser l’Unité médicale d’urgence et de permanence de soins (UMUPS) » créée en 2013 pour une durée de trois ans. Un dispositif qui s’appuyait sur trois axes : le maintien du CAPS de Lodève, ouvert 24 h/24; la Maison médicale de Clermont-l’Hérault ouverte de 20 h à minuit et le week-end ; enfin l’Aide médicale urgente (AMU) créée à titre expérimental en coopération avec les services des pompiers et des urgentistes, sous couvert du CHU de Montpellier, avec environ 1600 interventions par an. Une expérimentation qui s’avère un peu difficile par manque de recrutement de médecins urgentistes. Le Dr Lassalvy fait toutefois remarquer que dans les deux premières structures, les interventions se terminent dans 90 % des cas par un retour des patients à domicile, alors qu’avec l’AMU, 70 % des personnes sont hospitalisées. Plutôt que de voir chacun vouloir tirer la couverture à soi, il semblerait donc souhaitable que les deux centres hospitaliers jouent la carte de la complémentarité, pour le bien des usagers du territoire. Mais si le Dr Lassalvy estime que « ce qui compte, c’est que le service soit assuré », il rappelle qu’en tout état de cause, ce seront le CHU et l’ARS qui décideront. Or, la réponse définitive de l’ARS ne devrait finalement intervenir que vers le mois d’avril 2018.
Par ailleurs, lors d’une rencontre qui s’est déroulée le 21 septembre dernier avec plusieurs membres de l’Association lodévoise, Jean-François Eliaou, député de la 4e circonscription de l’Hérault, qui, rappelons-le, est professeur à la Faculté et médecin hospitalier, s’est montré favorable à ce projet, fidèle à son engagement de candidat aux élections législatives lorsqu’il déclarait vouloir renforcer l’accès aux services publics, aux soins et aux commodités de la vie quotidienne : « Il s’agit d’aménager et de désenclaver une partie importante de notre territoire. L’accès aux soins, notamment pour nos concitoyens les plus fragiles et les plus éloignés de nos villes, sera un souci permanent de notre mandature ». Bien que se montrant incompétent en ce qui concerne le SMUR, qui est du ressort du Département, le député a souligné l’importance qu’il juge nécessaire d’une meilleure médicalisation sur l’Hôpital de Lodève, et s’est engagé à faire remonter les revendications de l’association auprès des divers ministères concernés, après avoir entre temps rencontré notamment le Dr Lassalvy et les dirigeants de l’Agence Régionale de Santé.

Les responsables de l’association lodévoise, loin de baisser les bras, se montrent donc plus que jamais motivés pour continuer à faire avancer ce dossier des urgences à Lodève, tout en réaffirmant la nécessité de le mener de front avec le Clermontais, grâce à une complémentarité de leurs services de santé.
Par Bernard Fichet

Hôpital Lodève

Un service public est financé en amont par un choix politique sans objectif de retour sur investissement puisque financé par une mutualisation de moyens (l’impôt), alors qu’une offre privée est financée grâce à la vente de sa prestation et doit donc obtenir un retour sur investissement. Alors pourquoi l’hôpital de Lodève ne délivre pas un service à la hauteur ? A suivre.