Villeneuvette

Laïcité sous haute surveillance

l’OLAÏC 34 fait appel à gaston, l’illustrateur !

Depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs se sont attachés à rétablir certaines valeurs de la République. Parmi ces dernières, celle de la Laïcité revient en force, en suivant les méandres imposés par l’actualité. Mais cette notion, souvent mal comprise, a du mal à se faire entendre.
C’est pourquoi, dans le cadre des actions menées par l’Observatoire de la Laïcité, certaines personnes ont voulu la rendre plus compréhensible auprès d’un public aussi large que possible. C’est le cas par exemple des membres de “l’Olaïc 34” (Observatoire de la Laïcité en Cœur d’Hérault) qui ont décidé de s’attaquer à ce problème en publiant une BD intitulée “Liberté, Egalité, Laïcité”, en collaboration avec le dessinateur Montpelliérain Gaston. Un ouvrage tout autant destiné aux enfants, qu’à leurs parents ou enseignants.

Une longue histoire à travers les siècles
Les historiens s’accordent à dire que la Laïcité a vraiment pris corps pour la première fois pendant la Révolution Française. Mais sans remonter jusqu’à la célèbre formule « Rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », force est de reconnaître que différentes étapes ont mené à cette notion de laïcité. Par exemple au XIe siècle, la “Querelle des Investitures” entérina le fait que les pouvoirs spirituels et politiques peuvent et doivent être séparés. Passant les siècles marqués par l’Edit de Nantes (1598), signé par Henri IV, accordant certains droits aux protestants, mais révoqué un siècle plus tard (1685) par Louis XIV, puis par des mouvements tels que le gallicanisme ou le jansénisme, on peut dire que c’est vraiment au XVIIIe siècle, au siècle des Lumières, qu’apparait l’idée philosophique et politique de la laïcité en Europe, sous l’influence de Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Diderot, Montesquieu ou Condorcet. Tous, à des degrés différents, mirent en avant les idées d’égalité, de Droits de l’Homme, de tolérance et de liberté de conscience. Un siècle plus tard, les Lois de sécularisation venaient affranchir l’État de ses liens historiques avec l’Église catholique. Mais ce n’est que sous la Troisième République, avec la Loi Jules Ferry (1882) que fut instauré l’enseignement « public, laïque et obligatoire ». Cette laïcisation était affirmée et confirmée peu après par la Loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’État. En 1941, le régime de Vichy revenait en arrière sur cette loi, mais en 1946, la Constitution de la Quatrième République affirmait clairement les principes de la Laïcité. Et au cours du XXe siècle, L’État n’a cessé de légiférer et de généraliser cette Loi de 1905 en lui adjoignant de nouvelles règles de droit concernant la famille et l’individu. Jusqu’à émettre en 2004 une “Loi sur la Laïcité” interdisant entre autres le port de signes religieux dans les services publics.

L’Observatoire de la Laïcité
Instance placée auprès du Premier ministre, L’Observatoire de la Laïcité a été créé par Jacques Chirac le 25 mars 2007. Toutefois, il n’a véritablement été installé que le 8 avril 2013 sous la présidence de François Hollande, Jean-Marc Ayrault étant alors premier ministre. Cette instance a pour objectif principal de conseiller et assister le gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité en France. L’Observatoire est composé d’un président, actuellement Jean-Louis Bianco, d’un rapporteur général (Nicolas Cadène) et de 21 membres nommés pour quatre ans. Parmi ces membres, on compte 7 hauts fonctionnaires, 4 parlementaires (2 de la majorité et 2 de l’opposition) et 10 personnalités qualifiées, désignées en raison de leur compétence et de leur expérience. Au cours de ce premier mandat, l’Observatoire de la Laïcité a émis quelques avis sur des sujets tels que la Charte de la Laïcité à l’école, la définition et l’encadrement du fait religieux dans les structures assurant une mission d’accueil des enfants (suite à l’affaire de la Crèche Baby Loup) ou encore sur l’institution d’une Journée de la Laïcité le 9 décembre, le développement du service civique, le recrutement d’aumôniers musulmans dans les prisons ou les problèmes liés à la restauration scolaire. Comme on peut le voir d’après ces exemples, l’Observatoire a plus un rôle de conseil que de décision. A son actif en 2015, l’Observatoire de la Laïcité a procédé au lancement du 1er Prix de la Laïcité de la République Française. A ce propos, on notera qu’une mention spéciale y a été attribuée à la Ligue de l’Enseignement de l’Hérault. En revanche, tout dernièrement, Jean-Louis Bianco s’est fait recadrer par Manuel Valls qui lui reproche d’avoir dénaturé
« la réalité de la laïcité » en signant une tribune contre le terrorisme regroupant des représentants de différentes religions. Ce qui confirme une petite fronde menée au sein même de l’Observatoire.
Un observatoire en Cœur d’Hérault
Association Loi 1901, l’OLAÏC 34 (Observatoire de la Laïcité en Cœur d’Hérault) a pignon sur rue dans les trois intercommunalités (Clermontais, Lodévois-Larzac et Vallée de l’Hérault) avec notamment une antenne à Villeneuvette. Son objectif est de défendre les principes de la Laïcité, au sens que beaucoup de gens ne savent pas exactement ce que renferme ce terme.
Présidée par Joseph Piazza d’Olmo, et comptant une cinquantaine de membres répartis de Nébian à Montpellier en passant par Clermont-l’Hérault, Gignac ou Lodève, l’association fait preuve de pédagogie en organisant des conférences, des expositions ou des spectacles autour de ce thème. Il va sans dire que l’association milite en priorité au niveau du milieu scolaire, avec des interventions dans les écoles, les collèges et les lycées, s’adressant aussi bien aux enfants et ados qu’à leurs enseignants ou leurs parents. C’est ainsi qu’elle propose 2 diaporamas sur le “Vivre ensemble” dans les établissements scolaires, l’un destiné aux élèves du primaire et l’autre aux collégiens. En 2015, une Journée sur ce même thème s’est déroulée à Soubès. Elle sera reconduite cette année le samedi 5 juin, placée sous la thématique de Jean Jaurès et de son message humaniste universel et intemporel. De la même manière, le spectacle « Laïcité=Liberté, son histoire » donné à Paulhan par la Cie “L’Histoire en spectacles” a connu un franc succès. Mais d’autres actions seront encore menées pour tous les publics. Ainsi cette marche de la Séranne (Pic Baudille), instituée le 9 juin 2014, comme une journée symbolique de la laïcité avec comme point fort la plantation d’un gingko biloba. Une opération qui est amenée à devenir pérenne le Lundi de Pentecôte.
Une BD signée Gaston
Mais pour donner un impact encore plus important à ses objectifs, principalement auprès du jeune public, l’Olaïc34 a misé sur l’air du temps en demandant à l’illustrateur Montpelliérain Gaston (Alain Rémy) de mettre une partie de ses idées sous forme d’une BD, intitulée “Liberté, Egalité, Laïcité”, avec en fil rouge l’intervention d’une Marianne déterminée à clarifier les idées de tout un chacun sur la laïcité.
Avec un style qui lui est propre, Gaston, dessinateur et co-concepteur de la BD, après avoir rappelé quelques fondamentaux de la laïcité : impartialité ou neutralité de l’Etat et de ses représentants à l’égard des religions ; liberté de conscience et d’expression…, aborde des sujets aussi divers que les différentes religions (ou les différentes formes de “non-religion” : athéisme, agnosticisme, animisme, apostasie), avant de rappeler que la Laïcité ne s’applique pas de la même façon dans la sphère publique et la sphère privée. Et d’évoquer sans ambages le problème du voile et des signes religieux ostentatoires. Ou encore de dresser des cartes et statistiques sur la laïcité ou les religions dans le monde. Mais l’ouvrage rappelle aussi que la laïcité n’est pas un acquis, mais un combat permanent, avec d’un côté ceux qui veulent faire revenir le religieux dans la sphère publique et ceux qui prônent une “Laïcité à la Française” un peu partout dans le monde. Le livre se termine naturellement par un petit lexique allant de “athée” à “Yahweh” en passant par la “burka”, la “franc-maçonnerie”, “l’intégrisme” ou le “prosélytisme”. L’ouvrage, tiré à 3000 exemplaires, est déjà en vente dans toutes les bonnes librairies.


Par Bernard Fichet