réfugié

Un long chemin vers la liberté !

Solidarité : ne point admettre l’exclusion

Depuis quelques mois un certain nombre de réfugiés syriens sont arrivés en Languedoc Roussillon, et plus précisément à Béziers, en provenance d’Espagne. On cite le chiffre de 18 familles. La France, pays des droits de l’homme, apparaît comme un Eldorado pour ceux qui fuient la guerre. Pourtant les choses ne sont pas simples…

Déjà le parcours depuis la Syrie est semé d’embûches. Beaucoup ont choisi de traverser le Maghreb – Tunisie, Algérie, Maroc – pour arriver en Europe, d’abord dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla avant d’atteindre l’Espagne continentale. Les barbelés, les murs de bétons se dressent devant eux. Des passeurs les aident à traverser cette frontière apparemment infranchissable entre l’Afrique et l’Europe.
Arrivés en Espagne les migrants sont parqués dans des camps, hommes, femmes, enfants séparés. Les identités de chacun relevées, une très longue attente commence. Là encore l’argent va permettre d’acheter sa liberté et de sortir des camps. C’est donc clandestinement que ces migrants atteignent la France. Comment survivre et trouver de l’aide dans un pays où on n’est pas attendu, où on ne connaît ni la langue ni les usages ?

Une réponse est apportée par l’association Languedoc Solidarité avec les Réfugiés créée par un groupe d’anglophones domicilié dans le Piscénois. Leur but : apporter le gîte et le couvert à ces familles totalement démunies et désorientées et les aider à retrouver leur dignité.
Les choses, là aussi ne sont pas simples. Si matériellement trouver un logement, des vêtements, de la nourriture relève d’une simple solidarité de proximité, le maquis administratif est un autre problème.
Les États Européens ont défini un certain nombre de règles que chacun applique plus ou moins. On distingue deux types de migrants. Les Africains quittant leurs pays par manque de ressources pour qui le statut de réfugiés économiques n’est pas reconnu, et les réfugiés fuyant la guerre. Les Syriens entrant dans cette deuxième catégorie peuvent demander l’asile.
Là c’est la convention de Dublin qui s’applique. C’est dans le pays européen où le réfugié a mis le pied pour la première fois qu’il doit faire sa demande d’asile.
La préfecture de l’Hérault appliquant les textes à la lettre a considéré que les demandes formulées en France n’étaient pas recevables et que ces familles devaient être expulsées vers l’Espagne.
Arrivées pour la plupart début 2016 la surprise fut grande : accueillies par l’association Languedoc Solidarité avec les Réfugiés et grâce à leur travail, l’intégration commençait à être bien vécue : inscription des enfants à l’école, cours de langue suivis avec assiduité par les parents. Et brutalement leur demande d’asile est rejetée, c’est un nouveau déracinement qui s’annonce.
Les pays d’Europe ne sont pas préparés à recevoir ces populations. Pour la Hongrie c’est zéro migrant, l’Allemagne, elle, entrouvre la porte. La France avance avec timidité.
Pour les membres de Languedoc Solidarité avec les Réfugiés la mobilisation est indispensable pour qu’une prise de conscience ait lieu. Les militants sollicitent les médias, la presse, les radios, la TV. Ils organisent des réunions publiques d’information, une pétition circule sur le net. Nos gouvernants ont annoncé en début d’année l’accueil (et donc la régularisation) de 30 000 réfugiés sur 2 ans. Aujourd’hui pourtant moins d’une centaine ont été régularisés. Beaucoup de Syriens ne souhaitent qu’une chose une fois la guerre terminée, retourner chez eux pour reconstruite leur pays. En attendant, traumatisés par les événements vécus ils aspirent à retrouver la paix et la sérénité dans notre pays.
Droit d’asile ou devoir d’asile ?
C’est une question éthique qui nous est posée. On entend en permanence l’exigence de beaucoup au titre de “droits acquis” notamment en cette période, qui ne sont pas respectés.
Avec l’arrivée des migrants nous nous trouvons face à une autre dimension, la présence de ces gens déplacés nous renvoie vers nos devoirs d’assistance et de solidarité. Il est des situations de catastrophes naturelles dans le monde qui nous posent moins de questions. Le scénario est bien rodé. Des équipes de pompiers spécialisés sont mobilisés. Ils partent avec hôpitaux de campagne, médicaments et nourriture pour les lieux du drame. Nos concitoyens sont sollicités et participent financièrement à la reconstruction du site détruit. Chacun suit ensuite dans les médias l’évolution des événements jusqu’à ce que les journalistes trouvent un autre centre d’intérêt. Nous avons cette culture de l’assistance aux victimes de cataclysmes. Avons-nous le même comportement face aux migrants ?
On peut se demander pourquoi cet accueil de migrants soulève tant de problèmes. Il y a une différence essentielle : ils sont chez nous, les renvoyer chez eux c’est les renvoyer à une mort certaine. Nous sommes désorientés et démunis face à une situation sans précédent. Personne n’est préparé à cette situation. Nos gouvernements naviguent à vue.
Leur ouvrir notre porte est tout à fait logique. Leur présence ne peut que nous enrichir. Là où ils sont déjà installés ils participent à la revitalisation des villages en perte de population. Vivre dans des zones rurales peu peuplées est une véritable opportunité pour eux. Ils peuvent se loger plus facilement. Les autochtones voient arriver des gens pleins de vie, très souvent joyeux d’avoir échappé à l’horreur et à la mort et bien décidés à se reconstruire dans une nouvelle vie. Nous qui sommes des citoyens du monde, nous sommes interpellés. Le monde occidental s’est peu à peu assoupi, s’est enfermé dans un certain confort. L’étranger qui frappe à notre porte nous réveille en amenant avec lui toutes les questions du devenir de notre planète et plus précisément celles du vivre ensemble.

Par Jean Philippe Robian

Aniane Accueil

“Bien qu’avec de modestes capacités, Aniane entend prendre sa part dans les mouvements de solidarité que déclenche la migration des réfugiés. Elle est prête, à son échelle, à accueillir des demandeurs d’asile.” Extrait de la résolution du conseil municipal du 17 sept d’Aniane. Vous êtes un particulier, une association, une entreprise situé(e) sur le territoire de la commune d’Aniane et vous voulez participer à la chaîne de solidarité, merci d’envoyer un mail à : solidariterefugies.aniane@gmail.com