Lune

On a marché sur la ruffe !

Il y a cinquante ans exactement, les américains se posaient dans la mer de la tranquillité, et les habitants du lodévois au bord du nouveau lac du Salagou…
Dommage que Neil Armstrong et Buzz Aldrin aient aluni dans un paysage de mornes pierres grises, à l’époque de la téloche en noir et blanc… les plus jeunes de l’époque attendaient d’y voir de la neige, comme dans les aventures de Tintin en 1952. En fait, de la neige il y en a eu : c’étaient les innombrables parasites sur l’écran arrondi de la TV coffrée de bois, qui diffusait des images venues de plus de 380.000km !
Les rouges terres du Salagou et leur matorral clairsemé, riche en espèces étonnantes, auraient fait un décor idéal. Digne du plus spectaculaire des écrans HD.
Apollo XI, c’est aussi ça : un passé qui paraît à certains si proche, alors que pour les jeunes générations il semble faire partie d’une ère quasi préhistorique. Et c’est bien le cas : PRE-HIS-TO-RIQUE ! plus de quinze ans avant le tout premier ordinateur personnel bricolé, dit-on dans un garage, par Stephen Wozniak, rejoint par Steve Jobs…
Je prendrai pour exemple l’événement cité ailleurs dans ce C Le MAG que préparent Planète Sciences Occitanie et le Centre de l’Imaginaire Scientifique et Technique (CIST), un atelier, destiné aux jeunes du cœur d’Hérault, de fabrication d’une réplique de Saturne V qui décollera (en tout cas qui essayera…) à 15 h 32, le 16 juillet 2019, pour célébrer le cinquantenaire de l’envol.
Il y a fort à parier que les jeunes et leurs parents, voire le public environnant, dégaineront leurs smartphones pour photographier ou filmer cet événement incomparable… euh, enfin comparable, justement, puisqu’au même moment cinquante équipes de jeunes français font de même dans l’hexagone.
Puis-je me permettre de rappeler qu’en 1969, l’ordinateur-super-calculateur-méga-impressionnant- ultra-encombrant de la NASA, avait une puissance de calcul qu’on assimilerait aujourd’hui à 4 méga, soit ce qui est nécessaire pour le stockage d’un seul selfie. Je ne parle bien sûr pas d’une vidéo ! La “babasse” des sixties occupait un immense étage avec ses gros caissons à bobines qui tournent. D’énormes engins de ventilation refroidissaient le monstre. Un seul exemple, pour tenter de donner une échelle à ce délire : le stockage de l’année 1969 de tous les grands super calculateurs existants sur Terre, tiendrait dans un seul de nos ordis portables récents. La notion de téraoctets faisait encore partie des utopies relevant de la science-fiction.
A ce jour, on estime que le stockage des données existant sur Terre, s’il était chargé sur des iPad 16 Go, représenterait plus de quatre-vingt fois le volume du tunnel du mont Blanc bourré de tablettes.
Les mathématiciens et ingénieurs réfléchissent désormais à l’invention de nouvelles unités, dont nos téraoctets actuels seraient à l’échelle bien plus petits qu’un seul octet.
Ben oui… On peut s’étonner en regardant les vidéos qui montrent la taille de la Lune comparée à celle de la Terre, puis à toutes les planètes jusqu’aux étoiles de plus en plus grandes, nous réduisant à l’impression non pas d’êtres tous petits mais d’être infiniment… rien. Il en est de même pour l’ère de l’informatique qui, bien sûr, va déterminer aussi le potentiel de l’exploration spatiale : elle attend l’avènement de l’ordinateur quantique. Gardez bien votre plus beau Smartphone (dont vous avez sans doute déjà pété l’écran) : il est un témoin de 2019 qui s’apparente déjà aux pierres taillées du Néolithique !
Revenons un instant sur la comparaison des paysages lunaires, avec notre ruffe environnante, et rétablissons quand même la poésie de notre satellite qui fit rêver tant de héros imaginaires, d’artistes et de chercheurs. Pour mettre la balle au centre : foncez admirer les sublimes paysages de l’expo estivale du musée de Lodève. Georges Souche, Alexandre Hollan et d’autres artistes nous proposent un beau voyage dans l’espace et dans le temps. Et si vous y trouvez l’empreinte d’une monstrueuse créature extraterrestre, c’est juste que vous vous êtes trompés de salle avec la scénographie sur la paléontologie !
Par Frédéric Feu

Attachez vos ceintures, décollage immédiat !

5, 4, 3, 2, 1, 0, ignition !
Bientôt 3 h du mat… bientôt ! Plus que trois mois à attendre et, le 21 juillet à 3 h 21minutes 29 secondes, sera fêté le cinquantenaire du premier pas de l’Homme sur la Lune. Certains s’en souviennent, d’autres pas, allez savoir pourquoi… question d’âge, peut-être ?! Pourtant, plus on est vieux, plus on s’en souvient… bizarre…
Que nous prépare la NASA de l’ère trumpienne pour célébrer dignement ce qui fut l’événement scientifique le plus médiatisé de tous les temps ? La construction d’un mur sur notre satellite pour nous protéger des migrants sélénites ? Un décollage de fusée tourbillonnant dans le ciel jusqu’à inscrire avec sa traînée “America great again” ?! Ou carrément la modification de la queue d’une comète jusqu’à ce qu’elle ressemble à son inimitable mèche en plastique jaune ? On verra…
En attendant c’est à Lodève que le Centre de l’Imaginaire Scientifique et Technique (CIST) marque le coup pour les premiers jours de la librairie Un point un trait dans son nouvel espace, l’ancien emplacement du laboratoire médical. Celle-ci dispose d’une petite salle flambant neuve qui va recevoir quelques unes des plus belles maquettes de l’exposition “Des petits pas pour l’Homme”. Cette création raconte 400 ans de conquête spatiale souvent littéraire, entre imaginaire et réalité, prenant pour point de départ le quatre centième anniversaire de la naissance de Savinien Cyrano de Bergerac qui écrivit l’un des plus fantastiques voyages vers la Lune.
S’agissant d’un petit temps sympathique et étonnant proposé à ceux qui veulent découvrir la nouvelle librairie, le concept est moins un outil pédagogique qu’un événement ludique proposé à toute la famille. Présentée sous la forme d’un quiz qui a pour but de rappeler vos meilleurs souvenirs de Jules Verne, Tintin, Apollo, etc. et de vous surprendre par quelques réponses souvent inattendues, cette exposition contient quelques pièces rares :
– un grand lanceur Saturne V (le plus grand que puisse contenir les pièces d’un immeuble du centre ville !)
• une combinaison stratosphérique soviétique
• des maquettes d’artistes sur les voyages littéraires
• et surtout quelques productions de l’Agence de cosmonautique soviétique.
En effet, lorsque l’U.R.S.S. s’est désagrégée, nombre de matériels furent vendus pour renflouer les caisses du nouvel Etat russe. Des collectionneurs achetèrent, par exemple, beaucoup de matériels d’aérospatiale et les maquettes présentées étaient non pas des outils de vulgarisation destinés au public mais des maquettes de laboratoires produites en petites séries pour que les professionnels puissent facilement échanger leurs points de vue techniques.
Le télescope orbital ASTRON, le satellite de communication PROGNOS, une sonde martienne PHOBOS… font face, donc, à un modèle du projet ARIANE, surplombée de sa navette HERMES – projet très attendu qui ne vit jamais le jour.
Entraînez-vous (voire amusez-vous) déjà à répondre aux questions ci-contre, parmi les nombreuses autres questions énigmes épreuves que vous trouverez sur place !
Par Frédéric Feu

QUIZ
1. Comment s’appelle la station lunaire de la célèbre série télévisée «Cosmos 1999» :

A. Moon Base
B. Base Alpha
C. Terraluna

  1. Le record de vitesse atteint par un équipage dans un vaisseau spatial est de :

A. environ 4.500km/h
B. 16.500 km/h
C. plus de 39.000 km/h

  1. Le premier engin roulant à la surface de la Lune était :

A. Russe
B. Américain
C. Européen

Bientôt la lune…

En 1999, part une mission pour la Lune. Parmi les membres de l’équipage, se trouve l’inoubliable professeur Heywood Floyd. Elle se pose près du cratère Tycho, rejoignant la base terrienne permanente de Clavius… Là, le professeur touche un étrange monolithe découvert sous le sol de notre satellite. Cette même Lune, sur laquelle Cyrano de Bergerac avait déjà rencontré l’âme de Descartes trois cents ans plus tôt, sur laquelle Buck Rogers, Mandrake et Flash Gordon avaient croisé monstres et extra-terrestres des décennies plus tôt, sur laquelle Tintin découvrit de la glace en 1953. Floyd, donc, effleurant cet objet d’une géométrie parfaite, provoque un rayonnement puissant relié à Jupiter qui nécessite d’équiper une expédition scientifique conséquente à destination de la plus grande planète de notre système. Deux ans de préparation et le départ de cette odyssée est chose faite en 2001.

Quittons l’imaginaire et revenons sut terre, nous sommes en juillet 2018. Il y a cinquante ans, les ingénieurs et techniciens fébriles de la NASA pensaient voir aboutir prochainement l’objectif annoncé par John Fitzgerald Kennedy le 12 septembre 1952 (We choose to go to the Moon !), une réponse spectaculaire attendue par le peuple américain à l’annonce en avril 1961 par les Soviétiques de la mise en orbite du premier homme dans l’espace Youri Gagarine.
En 1968, la France en est encore à se remettre des heurts du mois de mai, au premier rang desquels Montpellier qui suivit fortement le mouvement (parfois atténué dans d’autres grandes villes françaises). La France n’a pas encore vu le film « cultissime » de Stanley Kubrick, découvert par les Américains en avril mais qui n’est sorti dans nos salles que fin septembre. La valse du vaisseau spatial « L’Orion III », parmi les œuvres de Johann Strauss utilisée dans le film, nous renvoie à une autre valse, celle des concepts visuels annoncés pendant près de trente ans par les scientifiques, qui imaginaient avec de plus en plus de crédibilité l’accomplissement de cette grande aventure humaine.

1968 est aussi une année saturée d’imageries technologiques, de l’art au mobilier et à la mode, le « Space Art » bat son plein. Tous les avant-gardistes : Cardin, Courrèges, etc. sortent des vêtements en plastique, des pin-up militaires gainées dans des lycras colorés, des mobiliers aux formes bien difficiles à placer dans les habitats de ceux qui possèdent encore des maisons et appartements aux mornes pièces rectangulaires.
Mais le vrai choc va être la très tardive révélation des formes du matériel spatial américain. Les couvertures des magazines populaires continuaient à arborer le beau damier rouge et blanc de la fusée de Tintin, voire des engins ultra-bariolés tels ceux de Buck Rogers, et ne parlons pas des combinaisons spatiales qui, depuis le film Destination Moon de 1950, dans lequel elles sont carrément rouges, bleues, vertes, jaunes… afin de bien distinguer les personnages, c’est un défilé de Playmobils « pop culture » qui illustre l’anticipation scientifique… or les missions APOLLO se succèdent en 1968 à un rythme effréné dans des engins noirs et blancs, additionnés de touches d’argent et de doré liées à certains matériaux impérativement nécessaires.

On oublie trop souvent que le 22 janvier 1968, on n’en est qu’à APOLLO V ! Et que les pas des premiers hommes sur la Lune c’est APOLLO XI, soit six missions plus tard, sur seulement une année et demie. Et chaque envol, mise en orbite, voyage… met en évidence jusqu’à la dernière minute des modifications urgentes à réaliser, du genre, euh… remplacer les hublots par des panneaux d’aluminium étant donné que le verre acrylique a éclaté pendant le vol… On modifie la position et la taille des grands rectangles peints sur le fond blanc des gigantesques réservoirs de la fusée (ou plutôt du « lanceur »). Ils sont vitaux car, comme les carreaux de la fusée de Tintin, ils permettent aux scientifiques de vérifier à distance les oscillations et la rotation de la fusée pour savoir si son comportement dans la première phase de vol est satisfaisant.

Pourquoi parler de tout cela aujourd’hui ? Pourquoi s’adresser à ces super veinards qui sont assez vieux pour avoir connu cette épopée, vibré enfants à la découverte des photos dans « Paris Match » qui avait le mérite d’être effectivement un superbe support visuel pour nous faire croire qu’on était en train de lire National Geographic et dont les interviews ont nourri de rêves, de sciences et de voyages…. Cette génération a quand même le droit de se faire un petit plaisir, vu que les progrès techniques qu’on lui a assénés par la suite sont très loin d’être tous beaux, tous roses !

Vous allez donc vivre une année qui va vous amener à la célébration du cinquantenaire en juillet 2019 de « ce petit pas pour l’Homme » qui fut « un pas de géant pour l’humanité », dixit Neil Armstrong. Elle sera immanquablement accompagnée de beaucoup trop de livres en librairie pour pouvoir choisir, de mille expos et spectacles sur ce sujet, qui n’auront aucune chance de tourner par la suite, ayant saturé les médias et l’intérêt de tout un chacun… mais bon, on ne se refait pas, C le Mag, le CIST et l’Observatoire astronomique d’Aniane ne vont donc pas traîner à vous faire revivre les quelques croustillantes anecdotes, découvertes fabuleuses et actes héroïques qui ont constellé ce thème. Ils ont peut-être eu un problème à Houston, mais nous en Cœur d’Hérault on n’y voit que du bonheur !

Par Frédéric Feu