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Questions à Julien Masdoua

En spectacle à la librairie un point un trait, le 18 Mai 2022

C le Mag : Vous êtes diplômé d’Histoire, comment passe-t-on d’un master d’histoire à raconteur d’histoires puis à acteur, c’est à dire celui qui joue des histoires ?

Julien Masdoua : Assez logiquement finalement… l’Histoire est constituée d’histoires, et les études d’Histoire mènent essentiellement au travail d’enseignant qui finalement ressemble beaucoup au métier d’acteur. Plus prosaïquement, c’est en vivant sur le campus que j’ai commencé le théâtre en amateur et que je suis passé ensuite au théâtre professionnel.

ClM : Comment êtes vous “tombé” dans une série télé comme “Un si grand soleil” ?

J.M. : Je fais de la télévision depuis le début de ma carrière. Pour “USGS”, j’ai suivi le parcours normal des auditions, des castings jusqu’à avoir la chance d’être retenu pour le rôle d’Enric que j’interprète donc depuis le début de la série.

ClM : Vous avez fondé La Compagnie du Capitaine et vous en êtes aussi le directeur artistique, quelles sont les particularités de cette compagnie de théâtre ?

J.M. : La Compagnie du Capitaine est une vraie “troupe” dans le sens où ce n’est pas qu’une structure administrative : il y a une ligne artistique définie, un groupe de personnes qui travaillent toujours ensemble et une énergie et des valeurs partagées. Pragmatiquement, nous proposons une grande variété de spectacles (théâtre, jeune public, conte, improvisation, théâtre immersif, etc.)

ClM : Vous avez écrit plusieurs pièces de théâtre, dont le “Cabaret Sherlock Holmes” une pièce de théâtre enquête où vous jouez le personnage de Sherlock Holmes. Pourquoi ce personnage est-il si fascinant, à voir, à lire, et j’imagine à jouer ? 

J.M. : En réalité j’ai écrit 3 spectacles autour du personnage de Holmes : “Le cabaret Sherlock Holmes” une pièce de théâtre, “Un meurtre sera commis ce soir” une enquête immersive et interactive et “Le mystère du bidon tout rond” une pièce jeune public. Le personnage de Holmes est le personnage de fiction le plus interprété au monde, tous supports confondus et ce n’est pas pour rien. Je pense que ce qui fascine le plus chez Holmes, c’est le fait qu’il soit en quelque sorte l’ancêtre archétypal de tous nos héros modernes, que ce soit les personnages de romans, séries ou films policiers (qui s’inscrivent tous dans la lignée de Holmes ou en opposition à lui), ou les super héros (Batman par exemple est une adaptation directe et reconnue de Holmes). 

ClM : Vous avez écrit plusieurs “Murder Party”, mais qu’est-ce donc une Murder Party ?

J.M. : Pour simplifier, une “Murder Party” est un spectacle dans lequel le public va jouer le rôle du détective et tenter de résoudre un mystère en se basant sur la performance des comédiens.

ClM : Le 18 mai vous serez à la librairie Un point un trait à Lodève pour une représentation d’une soirée-enquête en présence de Sherlock Holmes, comment cela va-t-il se dérouler ? 

J.M. : Le public est directement plongé dans l’univers du XIXème siècle anglais et est intégré au spectacle par le biais des techniques du théâtre immersif (jeu au milieu des spectateurs, prise à partie, improvisation). Nous sommes sensés assister à la réouverture d’un lieu culturel victorien, fermé un an auparavant suite à un décès plus que suspect. Sherlock Holmes fait partie des invités d’honneur et bien évidemment, durant la soirée, un meurtre sera commis…

ClM : La Compagnie du Capitaine présente aussi d’autres spectacles, d’enquêtes, d’illusions et de magies, d’histoires et légendes, et même du Shakespeare, quel est votre rapport aux mots ?

J.M. : Le langage définit notre façon de penser et de concevoir le monde. Une même information délivrée avec des mots différents n’a pas du tout la même concrétisation dans l’esprit de celui qui la reçoit et les actes qui s’en suivent sont différents. Les mots et le langage constituent notre identité. C’est précisément le cœur de la thématique de notre travail sur notre nouvelle pièce “S’il ne nous reste que Shakespeare” dans laquelle les personnages ont la particularité de ne pouvoir s’exprimer qu’avec des phrases issues des pièces de Shakespeare. 

ClM : Vos spectacles d’enquêtes “Sherlock Holmes” ou “films noirs” cherchent-ils à éveiller l’esprit critique ?

J.M. : Ils cherchent avant tout à divertir et à proposer une autre approche du spectacle vivant, un peu plus active de la part du spectateur. Et bien sûr, l’esprit critique étant en partie observation, scepticisme et analyse, les théâtre-enquêtes y encouragent !

ClM : Vous écrivez et mettez en scène, quels sont vos sujets favoris et vos projets ?

J.M. : J’aime tout ce qui touche à la nature humaine, mais j’aime beaucoup aussi tout ce qui est iconique et participe à notre héritage culturel global. C’est le cas avec Holmes mais aussi avec l’œuvre de Shakespeare sur laquelle nous travaillons en ce moment. Je travaille également à l’écriture d’une série TV mais chut, c’est top secret !

ClM : Vous préparez un autre spectacle en partenariat avec la librairie un point un trait, un spectacle d’humour et d’improvisation. Comment cela se travaille-t-il ?

J.M. : L’improvisation théâtrale telle que nous la pratiquons est très technique et demande énormément d’entraînement et de travail. J’enseigne depuis plus de 20 ans et les improvisateurs de la troupe suivent mes formations comme les autres élèves “amateurs”. Il faut pas mal d’heures de vol pour participer à un spectacle d’impro de la Compagnie du Capitaine.

ClM : Dans vos spectacles, l’humour est souvent présent, qu’est-ce pour vous l’humour ?

J.M. : L’humour est la meilleure façon de faire passer des idées. Le spectateur est en mode “détente” donc beaucoup plus ouvert à recevoir les messages que nous autres artistes essayons de diffuser. Rien de bien original : l’amour, la tolérance, le respect…

ClM : Un spectacle d’improvisation n’est-il pas la meilleure façon d’éviter le “trou de mémoire” et donc peut-être une forme de “trac” ?

J.M. : En fait l’improvisation théâtrale est mille fois plus difficile pour un comédien que l’interprétation d’un rôle écrit (qui bien sûr pose de son côté d’autres difficultés) car en plus de la casquette “interprète” on porte également celles d’auteur et de metteur en scène, et ce, en direct et sans temps de préparation. Donc côté “trac” c’est encore pire !

ClM : Entre Murder Party et improvisation où l’humour règne en maître, peut on vraiment mourir de rire ?

J.M. : Bien sûr que oui. Mais si c’est le cas, Holmes saura le voir et présentera vos meurtriers à la justice !

ClM : Merci Julien, retrouvons-nous le 18 mai à la librairie Un point un trait à Lodève dans une ambiance très XIXème !

Par Stephan Pahl