Triste réalité

De Robière

Certes, « ce récit n’est pas pour âmes sensibles », il raconte avec un rude vocabulaire la rue, l’enfance turbulente face aux amours absentes, maman, papa chacun dans son monde, laissant si seules les têtes “blondes” dans cette Normandie où pauvreté et solitude affectent d’emblée Robert / Robière… Quand la famille se délite finalement pour de bon, Robière en trouve une nouvelle : les punks, avec qui la vie bohème du routard, ponctuée de rencontres et de larcins parfois pas menus, peuvent faire passer par la case prison. « La seule chose qui est sûre c’est que t’as qu’une vie et qu’il faut la croquer à pleines dents, en faisant attention de ne pas te les casser ». Et Robière est armé d’une ténacité qui force le respect malgré les casseroles qui le poursuivent / qu’il provoque (ou provoke, les q deviennent ici des k, iconoclasme revendiqué). Provoquer, c’est le mot, faire réagir, appeler dehors d’après le latin : défier de la rue une société qui à l’époque du récit (pile à la charnière entre les années héroïques du punk français et le passage à l’euro) aussi bien qu’aujourd’hui rétrécit toujours plus nombre de libertés quotidiennes sous les hypocrites mais toujours pratiques paravents de la santé ou du bien public. Un bouquin à ranger avec les récents souvenirs de Crok Brandalac et de Gilles Bertin. 

Par Guillaume Dumazer

Laisser un commentaire