Eau

L’idée Livres (2) – n°187

MA BELLE De Camille Anseaume

ROMAN – Broché : 270 pages Éditeur : Calmann Lévy
Parution : février 2022
ISBN : 978 270 218 4783

L’histoire d’une femme qui est amoureuse d’un homme séparé de son ex (une femme sublime) et a la garde alternée de sa fille de 7 ans, Blanche tout aussi sublime. Louise devient alors LA Belle mère, et l’enfer commence.  

Avec originalité et dérision (le récit est émaillé de remarques percutantes sur les contes de fées), l’auteure nous interroge sur ce qui se joue dans les familles et dans la société. Les non dits, les dénis, sur la difficulté d’être une belle mère. La place des femmes, des filles, leurs rôles, leurs obligations d’être belles à tout prix… les rivalités entre elles qui alimentent le processus et puis le rôle des hommes, des pères, leurs manquements, la place qu’ils prennent ou qu’ils ne prennent pas. Allez, un petit extrait pour le plaisir :

“Dans les contes de fées, le prince charmant embrasse la princesse, étendue dans un cercueil. Je ne dis pas que c’est forcément un psychopathe malveillant. Je dis juste qu’il tombe amoureux d’une morte, et qu’il finit par l’embrasser sans son consentement.” 


MALGRÉ TOUT De Jordi Lafebre

BANDE-DESSINÉE : 152 pages
Editeur : Dargaud
Parution : septembre 2020
ISBN : 978 250 508 1500

D’un côté, il y a Ana. Sexagénaire charismatique, ancienne maire tout juste retraitée, mariée et maman. De l’autre, il y a Zeno. Célibataire endurci, libraire proche de la retraite et doctorant en physique qui aura mis quarante ans pour terminer sa thèse.

Coup de foudre pour cette BD espagnole lumineuse et enchanteresse ! Une très belle histoire d’amour relatée d’une façon très originale. On commence par la fin et chapitre après chapitre jusqu’au premier, on découvre nos héros rajeunissants et venant éclairer les questions que nous nous posons dans ce récit atypique. Apothéose au dernier chapitre qui se lit à l’envers également. On ne résiste pas, bien sûr, à refaire le chemin inverse tant les personnages nous ont émus.


L’ÂGE D’EAU De Benjamin Flao

BANDE-DESSINÉE : 160 pages Éditeur : Futuropolis
Parution : janvier 2022
ISBN : 978 275 483 1178 

Nous sommes en France, l’eau est montée et il n’y aura pas de décrue. Face à ce nouveau phénomène, beaucoup de populations sont déplacées et survivent comme elles peuvent sur les terres émergées ou apprennent “à flotter”. 

Un texte d’une grande force qui accompagne un trait d’apparence grossière mais qui s’harmonisent magnifiquement. Surtout les quelques planches de peinture qui émaillent la bd, superbes. 

Des personnages hauts en couleurs et terriblement attachants dans ce monde post apocalyptique. Une belle réflexion sur la liberté face à la peur et la sécurité. Un petit bémol cependant avec les élucubrations du fameux chien bleu qui laissent dubitatif…

On attend la suite avec impatience…


REINE ROUGE De Juan Gómez-Jurado

POLAR – broché : 496 pages Éditeur : Fleuve noir
Parution : janvier 2022
ISBN : 978 226 515 5343

Antonia Scott est spéciale. Très spéciale. Elle n’est ni flic ni criminologue. Elle n’a jamais porté d’arme ni d’insigne, et pourtant, elle a résolu des dizaines d’affaires criminelles.  Avant de tout arrêter. 

Premier tome d’une trilogie annoncée. On se laisse embarquer avec beaucoup de plaisir dans cette sombre aventure madrilène. Jon, un flic homo et costaud (mais pas gros, comme nous le précise l’auteur), fait la connaissance de Antonia Scott. Cette dernière a subi des expériences (louches) pour devenir encore plus douée qu’elle ne l’était. Alors qu’elle travaillait dans l’ombre pour le gouvernement, elle décide de tout plaquer suite à un drame personnel. 

Jon la persuade de reprendre le flambeau pour débusquer un certain Ezequiel qui enlève et tue des jeunes (tous enfants de personnes très riches). Le duo fonctionne à merveille, suspens et humour sont au rendez-vous pour notre plus grand plaisir. 

par la librairie un point un traitwww.unpointuntrait.fr

L’or blanc des hauts cantons

Dans le nord-ouest du département et plus particulièrement sur le territoire de la communauté de commune de Grand Orb se trouvent plusieurs localités qui méritent que l’on découvre l’histoire de leurs richesses naturelles : l’eau.

La situation géographique des Hauts Cantons de l’Hérault est très particulière. Nous nous trouvons sur la faille sud du Massif Central. La nature a bien fait les choses puisque tout au long de cette faille des résurgences alimentent sources et fontaines. Chacune de ces sources présentent des spécificités avec des vertus particulières venues des profondeurs de la terre. Retenons plus particulièrement le village d’Avène avec sa source ; Lamalou les Bains avec ses thermes ; l’eau de Vernière vendue en bouteille dans le village des Aires.

Avène. Il était une fois une source connue depuis le Moyen Age sur la commune d’Avène. Cette source jaillissait dans un champ à la sortie du village. En l’an de grâce 1745, un cheval, celui du marquis de Rocozels, baron d’Avène, atteint d’une dermatose grave est mis à l’isolement dans un enclos en dehors du village pour éviter toute contagion avec ses congénères. Inoccupé, sans pouvoir galoper dans la campagne, il ronge son frein. Pour soulager le prurit qui accompagne sa maladie et qui l’irrite, plusieurs fois par jour il se roule dans un fossé où jaillit la source. Alors que son pelage redevenu normal au fil des mois, son propriétaire s’ouvrit de ce constat à des amis, éminents professeurs à la faculté de médecine de Montpellier. Ces derniers en charge de plusieurs patients atteints de maladies de peau firent le déplacement jusqu’à Avène. Les malades prirent le bain dans cette eau, les dermatoses disparurent. Les bains d’Avène venaient de voir le jour.
La renommée de ses eaux franchit l’atlantique au XIXe siècle, à telle enseigne que, à l’occasion du gigantesque incendie de Chicago en octobre 1871, Avène livra plusieurs centaines de bidons d’eau pour soigner les grands brûlés.
La success story de cette source se poursuit le jour où Pierre Fabre, pharmacien, entrepreneur visionnaire, rachète le site au milieu du XXe siècle. Il crée un centre moderne de thermalisme. En 1990, il construit l’usine de production de produits cosmétiques de 2500m2 qui aujourd’hui s’étend sur plus de 20.000 m2. Aujourd’hui, le site d’Avène emploie plusieurs centaines de salariés. Lors des derniers étés caniculaires, il sortait des chaînes de production un spray à la seconde. La marque Avène connue dans le monde entier amena l’entreprise à réaliser plusieurs agrandissements des bâtiments ces dernières années.
Pour s’agrandir l’Entreprise Pierre Fabre installe une nouvelle unité de conditionnement et de stockage (sur la commune de Bédarieux ). Ce sont 8000 m2 de bâtiments qui seront construits en 2017 avec des dizaines d’emplois à la clef.

Lamalou les Bains. Les eaux chaudes de Lamalou, découvertes par hasard au XIIe siècle lors du creusement de galeries à la recherche de gisements de charbon, s’avérèrent curatives. Un premier bassin fut creusé en 1634 par le seigneur du Poujol après une guérison jugée miraculeuse. A partir de 1771, 10 piscines sont aménagées alimentées par l’aqueduc depuis la source de l’Usclade. Les thermes sont construits. Station à la mode au XIXe siècle, elle reçoit le roi d’Espagne Alphonse XII, le Maréchal Joffre, Alexandre Dumas, Alphonse Daudet. C’est l’époque où les bourgeois parisiens «  prennent les eaux  ». Ainsi toutes les semaines un train spécial assure la liaison Paris /Lamalou les Bains pour le transport des curistes depuis la gare d’Orsay à Paris avec 12h de trajet !
Aujourd’hui la station a le vent en poupe. Lors de ses vœux 2017, Philippe Tailland maire de la commune a annoncé la réalisation de plusieurs forages pour augmenter le débit des sources. Le nombre de curistes progresse chaque année. Il faut dire que la qualité des eaux thermales mises en lumière par le docteur Charcot a permis de créer un centre de rhumatologie d’un côté et de neurologie de l’autre avec là aussi plus d’une centaine de salariés.

L’origine des eaux resurgies des entrailles de la terre, aussi bien à Avène qu’à Lamalou, reste un mystère. Les eaux s’infiltrent à partir de la zone des Mont d’Orb et du Caroux. Elles atteignent de 1500 à 2000m de profondeur des zones où la chaleur est intense. Elles remontent le long d’une faille comme peut remonter la vapeur le long des parois d’une marmite.En arrivant en surface elles se mélangent à des eaux de surface avec d’autres composants pour nous donner ces eaux aux vertus thérapeutiques. Ces circuits restent inconnus ; ces eaux chaudes résurgentes ont été captées par le sol il y a des centaines, voire des milliers d’années.

La commune des Aires nous offre aussi ses eaux… et ses arènes
Dès le XVIe siècle, la source de Vernière produit une eau naturellement gazeuse. Les curistes de Lamalou n’hésitaient pas, à la Belle Epoque en période estivale, à venir à pied, à cheval ou en calèche et à traverser une passerelle en bois sur l’Orb pour profiter de cette eau, se désaltérer et se reposer sous les verts ombrages du parc entourant la source.
Le groupe Ozana propriétaire aujourd’hui a modernisé les chaînes d’embouteillage, c’est la première entreprise en France à avoir produit le demi litre en bouteille plastique. L’eau de Vernière a été distinguée au niveau mondial le 4 février dernier. Parmi 50 eaux minérales provenant de 24 pays différents la source Vernière a reçu la médaille d’or parmi les « eaux minérales de caractère », ce devant les eaux de Chateldon et Vichy : ce n’est pas rien. « Vernière » aujourd’hui emploie 20 personnes.

En conclusion, l’optimisme est de mise pour ces trois communes de  la communauté de Grand Orb. Les soins du corps sont à la mode, les cures thérapeutiques et de confort sont en pleine expansion. Avène et Lamalou les Bains ont su moderniser leurs installations et ainsi rendre attractives leur offre de soins. Pour Vernière : pas de souci à se faire la France est le premier exportateur mondial d’eau minérale !
De plus, les français sont les plus gros consommateurs au monde d’eau en bouteille. On est passé d’une consommation de 9 litres par personne en 1999 à 27 litres en 2013. Nos deux derniers étés caniculaires ont été une véritable manne pour nos trois cités.
Par Jean-Philippe Robian