Bédarieux

Qu’elle est verte ma vallée

La liaison Bédarieux Mazamet devenue la « Voie Verte Passa Pais » est une longue histoire et une belle réalisation pour notre nouvelle région, l’Occitanie. « Passa Pais » (prononcer « Passo Païs »), signifie en occitan « Passe-Pays ».
De la voie ferrée à la voie verte, c’est un véritable changement d’époque, un changement de relation avec la nature, un changement de façon de vivre entre le XIXe siècle et le XXIe siècle.

Il était une fois…
Il fallait créer un réseau ferroviaire particulièrement dense pour aider l’industrialisation de la France et permettre de meilleurs échanges entre les territoires est l’œuvre d’un empereur controversé, Napoléon III. Il fallait également relier Montpellier à Toulouse pour intensifier les échanges entre la plaine languedocienne et la région toulousaine et compléter la desserte moins rapide que fournissait le canal du Midi. La ligne a été créée en 1889. 163 ouvrages d’art jalonnent le parcours : tunnels, ponts, tranchées.
Les manufactures drapières tout au long du parcours entre Mazamet et Bédarieux, le transport des animaux élevés dans le Tarn et vendus en Languedoc, le commerce des peaux, du bois, du sel, du charbon, du vin ont rendu cette ligne indispensable et très fréquentée pendant 80 ans. Elle fut un élément essentiel du développement de notre région pas encore nommée « Occitanie ».
Les voyageurs ne sont pas oubliés. La «  Belle Epoque » a vu la création de la ligne Paris/Lamalou les Bains par Castres et Mazamet, un train spécial transportait depuis la capitale, aristocrates et bourgeois venant « prendre les eaux » à Lamalou.
Bédarieux au carrefour d’une ligne nord sud et de cette ligne est-ouest voyait passer chaque année 250.000 voyageurs sous sa célèbre marquise. 300.000 tonnes de marchandises transitaient par ses quais. Plus de 200 cheminots travaillaient sur le site.

De nos jours…
La crise industrielle à partir des années 1960 avec le déclin de l’industrie textile, la fermeture des mines entraîna une baisse sensible du trafic. Le trafic voyageurs se maintint un temps entre Toulouse et Montpellier grâce à 3 liaisons journalières directes Toulouse Montpellier avec une micheline Renault. Pourtant dès 1968 les pouvoirs publics décident de supprimer cette ligne non rentable. Elle ferme en 1986. La civilisation des loisirs arrivant, il y eut une tentative avortée de création d’un train touristique entre Bédarieux et Mons la Trivalle.
Il faudra attendre quelques années pour que les conseils généraux du Tarn et de l’Hérault décident d’aménager cette ancienne voie de chemin de fer en voie verte. Le déferrement de la voie débute en 2006, les travaux d’aménagement se terminent en 2016.
Les voies de communication créent du lien social. Dans sa mutation la voie verte conserve cette vocation de lien entre les villes et villages, entre Bédarieux et Mazamet. Les riverains l’empruntent aujourd’hui pour aller travailler à vélo. Nombre de salariés des établissements de Lamalou habitant les villages voisins circulent sur cette voie. Le gros de la fréquentation est formé par les randonneurs à pied, à vélo, à cheval (69.000 usagers sur l’année écoulée comptabilisés à Hérépian).
Le comportement des vacanciers change, la voie verte permet de suivre cette évolution et même de l’accompagner : pendant très longtemps partir en vacances c’était s’installer sur la plage pour bronzer. Aujourd’hui le touriste profite de ses vacances pour partir à la découverte de paysage mais aussi de territoires authentiques. La voie verte propose un autre mode de circulation et de découverte que la voiture. C’est à travers une itinérance choisie par le marcheur ou le cycliste que les rencontres vont se faire. Villages, paysages, musées, sites d’exception, points d’accueil s’offrent au vacancier grâce à une signalétique normalisée mise en place par le Parc Régional du Haut Languedoc. Découvrir tout en ayant une pratique sportive, telle est l’offre touristique à deux niveaux du Parc du Haut Languedoc.
Parcourir cette voie verte permet aussi de s’émerveiller devant un riche passé ferroviaire et des prouesses technologiques réalisées par les ingénieurs du XIXe siècle. Il faut citer le tunnel de la Fenille long de 800 m permettant de passer du versant méditerranéen au versant atlantique de la Montagne Noire ; le pont d’Olargues jeté sur le Jaur réalisé par les élèves d’Eiffel ; la tranchée de Courniou et son mur de soutènement qui a permis lors de son creusement de découvrir la grotte de la Devèze.

Inauguration
Sous la responsabilité de Marie Hélène Lavastre maire adjointe de Bédarieux, élue référente « Voie Verte », ce dimanche 11 septembre 2016 se dérouleront des festivités tout au long du parcours à destination des usagers et des visiteurs venus découvrir pour la première fois les sites.
L’inauguration officielle du dernier tronçon atteignant Bédarieux aura lieu en début de matinée : Kléber Mesquida président du Conseil Départemental de l’Hérault en compagnie de Thierry Carcenac président du Conseil Départemental du Tarn et de Daniel Vialelle Président du Parc du Haut Languedoc en charge de la promotion et en présence de Antoine Martinez Maire de Bédarieux et Président de la communauté Grand’Orb couperont le ruban.
Telle est la mutation vécue par cette ligne Mazamet Bédarieux devenue la « Voie Verte Passa Pais », une formule de déplacement doux.

Par Jean-Philippe Robian

Point d’orgue à Bédarieux

Tous en chœur et tout pour la musique !
Jean-Philippe Robian de C le Mag a rencontré Paul Rodier président du CEPO de Bédarieux.

Mais qu’est-ce donc que le CEPO ?

Paul Rodier : Le CEPO c’est le Centre d’Etudes Polyphoniques et Organistiques de Bédarieux créé en 2011. Il regroupe des hommes et des femmes de talents autour de diverses activités musicales.
Aujourd’hui c’est une centaine d’amateurs qui se retrouvent tout au long de l’année pour travailler : qui le chant choral, qui les instruments, qui la pratique de l’orgue.

Jean-Philippe Robian : J’imagine que tout ceci est le résultat d’un long cheminement et d’une longue pratique, rassembler autant d’amateurs n’est pas une mince affaire. Ceci m’amène à vous interroger sur votre formation et votre parcours.
PR : Originaire de Montarnaud j’ai fait mes études à Montpellier. J’ai été formé à la musique par le chanoine Roucayrol. Mon premier et unique poste a été professeur de musique dans un établissement scolaire, le collège Notre Dame de Bédarieux. En parallèle, depuis 1963 j’ai créé et animé différents chœurs.
L’école de Musique de la Ville de Bédarieux m’a sollicité pour créer une classe d’orgues en 2008, ce que j’ai fait.
Enfin, Raymond Castelanelli adjoint à la culture et président de l’association des Trois Orgues m’a proposé de devenir l’organiste titulaire de ces trois instruments. Là aussi, j’ai accepté.

JPR : Vous êtes donc une « référence » en termes de musique à Bédarieux !
PR : Vous savez il faut rester modeste : on ne peut pas faire grand-chose tout seul. Je travaille en équipe. Il faut souligner l’environnement favorable que nous avons à Bédarieux, avec en particulier trois orgues dont deux classés à l’inventaire des monuments historiques, ce qui est remarquable pour une commune de 6500 habitants.

JPR : Je voudrais revenir sur cette organisation qu’est le CEPO. Dans beaucoup de villes les activités musicales sont dispersées. Les jazzmen jouent d’un côté, les choristes se retrouvent entre eux ailleurs. Quel intérêt avez-vous à faire vivre une telle « fédération » ?
PR : Beaucoup de membres du CEPO sont des amis de longue date. Soit nous étions ensemble sur les bancs de l’école pour certains, soit, pour d’autres ils ont été mes élèves. Nous nous sommes retrouvés autour de valeurs communes. Il ne s’agit pas pour nous de se contenter d’une quelconque approximation dans nos productions. Pour nous, seule l’excellence compte, c’est le résultat de beaucoup de travail. Toutefois cette excellence ne doit pas rester le fait d’une élite, elle doit être partagée.
Le CEPO est là pour créer une ouverture autour de la musique. Je veille particulièrement à cet aspect des choses. Tout le monde doit pouvoir participer à cette recherche de l’excellence.

JPR : Vous pouvez préciser comment vous vivez au quotidien vos engagements ?
PR : Oui, je vous donne deux exemples : Nous avons intégré dernièrement dans le chœur d’hommes « Aventure » un néo-bédaricien : Chaque nouveau membre est parrainé par un ancien qui en est responsable. S’il partage nos valeurs il n’y a pas de problèmes.
Je citerai aussi le chœur d’enfants « Grain de Voix » qui est une première marche vers une bonne pratique vocale.
Par ailleurs nous répondons présents à toutes les sollicitations de concerts qui nous paraissent aller dans le sens du partage. Lors des inondations de 2014, nous avons organisé plusieurs concerts en solidarité avec les sinistrés.

JPR : Vous êtes orienté essentiellement vers le chant, détaillez-nous la composition du CEPO.
PR : Le CEPO se compose du groupe polyphonique Notre Dame créé en 1993, c’est le groupe choral le plus ancien.
Le chœur d’hommes « Aventure » créé en 2005 interprète des pièces « a capella » ; le groupe « Au gré des rencontres » rassemble des musiciens amateurs de divers horizons qui se retrouvent pour travailler la voix ou un instrument avec l’orgue en accompagnement.
Le chœur d’enfants « Grain de voix » rassemble des jeunes de 9 à 13 ans dont le but est de découvrir sa voix et d’apprendre à chanter ; et l’ensemble « Paul Rabaut » créé en 2013, axé sur les chants polyphoniques sacrés.
Il ne faut pas oublier dans le CEPO l’association les Amis des Trois Orgues créé en 2008 qui a pour but la préservation et la mise en valeur des orgues de la ville.
JPR : Vous me parlez de formation, c’est intéressant mais il y a aussi les manifestations extérieures qui sont là pour présenter votre travail au public et qui sont quelque part gratifiantes pour vous et votre groupe. Pouvez-vous faire le point, qu’en est-il aujourd’hui ?
PR : Notre travail est en effet reconnu un peu partout en France. Nous venons de faire avec l’ensemble « Paul Rabaut » l’ouverture du festival de Saint Bertrand de Comminges dans l’Ariège. Nous avons chanté dans la cathédrale.
Nous avons eu droit à un article dithyrambique dans la presse régionale.
Comme vous le savez nous préparons activement le festival « Bédarieux Voix d’Orgues » qui se déroule du 01/08 au 04/08. Ce festival fait une large place à l’orgue mais aussi à d’autres styles de musique : le chant choral avec notamment cette année un chœur corse ; le jazz avec le groupe de Joël Drouin.

JPR : Vous avez une longue et riche carrière derrière vous, pourtant vous dégagez un enthousiasme et un dynamisme de débutant, Paul Rodier, pouvez-vous en conclusion, me dire ce qui vous motive ?
PR : Je suis en effet, chef de chœur depuis de nombreuses années. Je constate aujourd’hui même chez les plus anciens du groupe une réelle progression dans les résultats.
Les voix ont mué, les cheveux ont blanchi, les voix de soprano et alto sont devenues ténor, baryton et basse mais l’envie de chanter et de partager est toujours intacte. L’envie de donner reste intacte.Tout ceci parce qu’une réelle amitié lie tous les membres du CEPO.

JPR : Paul Rodier, merci beaucoup. Nous vous souhaitons un excellent festival en août !

Par Jean-Philippe Robian