Hip-Hop, allez hop dépasse-toi !

Bboy menno star du breakdance à lodève !
Un stage de danse hip-hop a eu lieu mercredi 20 mai de 18h à 21h à Lodève. Entièrement gratuit, il a été animé par Bboy Menno référence internationale en matière de breakdance (danse au sol). Champion du monde 2014 du Red Bull BC One, il était membre du jury du Battle Of The Year (BOTY 2015 l’équivalent du championnat de France de breakdance) qui s’est déroulé au Zénith de Montpellier samedi 23 mai.

Cette action visait à transmettre les valeurs de tolérance, de paix et de respect, véhiculées par la culture hip-hop authentique. Née avec la volonté d’apaiser les relations humaines tout en révélant à chacun son potentiel créatif, le hip-hop s’est imposé comme une expression contemporaine de la mixité.
Bboy Menno, intervenant de renommée mondiale, a transmis aux participants enthousiastes les exigences d’une discipline artistique source d’épanouissement et d’estime de soi. Les exemples de Kader Atou ou Mourad Merzouki respectivement directeurs des Centres Chorégraphiques Nationaux de La Rochelle et de Créteil sont suffisamment éloquents. En effet, même si la rue fut le creuset de cette culture, des artistes talentueux ont su transcender les cartons sur le bitume pour frayer avec les plus hautes sphères de la danse contemporaine. « Depuis que j’ai vu le film Street-Dance, j’ai toujours envie de danser, surtout faire des phases au sol c’est ce que je préfère » confiait Selma.
Après la séance d’échauffement Bboy Menno a initié un public mixte et intergénérationnel aux positions au sol. « Le breakdance m’oblige à toujours faire mieux, on doit toujours essayer de se dépasser ». Le dépassement de soi est le moteur d’une discipline qui demande beaucoup d’investissement physique et de rigueur.
Depuis 2013, une réflexion aux côtés du réseau Hip-Hop Languedoc Roussillon a été menée sur la mise en place de pratiques amateurs de qualité tout en développant les démarches de professionnalisation. Le lieu d’accueil du stage géré par François Berdeaux de la compagnie Des Equilibres et Céline Lefèvre de la compagnie C’Mouvoir, fut hautement symbolique de la volonté d’étroite collaboration avec les acteurs locaux qui font un formidable travail de création sur le territoire. Loin de la posture caricaturale du mauvais garçon des ruelles glauques, le hollandais Menno Van Gorp, toison blonde aux yeux bleu-barbeau a fait preuve de générosité et de patience dans son travail de transmission. Comme pour stimuler les nouvelles générations il avouait au quotidien 20 minutes lors de son sacre mondial, « j’ai toujours été le gars qui n’avait pas de talent, pas doué pour les phases très acrobatiques… mais j’ai trouvé mon chemin pour faire en sorte d’avoir l’air beau, même chose en peinture : interprétation de la réalité ! » Affable, discret mais pédagogue, il a pris le temps d’expliquer les rudiments du breakdance à un public éclectique où se côtoyaient néophytes, curieux et familiers de la discipline. « J’ai toujours été impressionnée par les prouesses de ces artistes de rue et j’étais curieuse de franchir le pas pour me mettre à l’épreuve. Ce n’est pas la performance qui m’intéresse mais plus le petit challenge personnel » avouait Lucie.
Marcus Oussoukpevi qui dirige La Passerelle, un lieu de vie dans la ville, avait fait le déplacement avec un groupe de trois jeunes et son assistante. Ils ont participé à la session profondément convaincus des vertus thérapeutiques d’un art mixte comme le breakdance. Il est à l’intersection de la danse, des disciplines d’équilibre, qui en certains points n’ont rien à envier aux arts du cirque et des approches comportementales. En effet, né dans des contextes de violences urbaines, les pères fondateurs de cet art né aux États-Unis dans des ghettos, n’ont eu de cesse de canaliser l’énergie de la jeunesse désœuvrée. Le DJ d’origine jamaïcaine Kool Herc se rendit alors compte que l’énergie des gens sur la piste de danse atteignait son paroxysme à certains passages d’une chanson où n’étaient présentes que la ligne de basse et la ligne de batterie. Il décida alors de jouer ces passages en boucle. Pour ce faire, il utilisa deux platines et mit le même disque sur les deux platines. Il passa ainsi d’un disque à l’autre, répétant un même passage qui s’appelait un break, ou breakbeat. Comme les premiers breakers fréquentaient beaucoup les soirées de Kool Herc, celui-ci les a surnommés les breakers ou B-Boys (B pour Break). Par extension, on utilisa le terme breakdance.
Par ailleurs, dans les années 1970, Afrika Bambaataa, d’abord membre des Bronx River Projects puis créateur de l’Universal Zulu Nation, va vouloir canaliser l’énergie des jeunes gens de son quartier dans des activités artistiques pour éviter qu’ils ne finissent dans des gangs. Avec DJ Kool Herc et Grandmaster Flash, ils vont faire naître un nouveau mouvement : le hip-hop. La rue redevient espace de rencontre et de créativité. « Pendant les battles, on improvise mais il faut assurer pour ne pas être ridicule » confie Selma qui après avoir hésité s’est lancée dans la battle, ces joutes chorégraphiques où deux groupes, des crews, se font face et s’affrontent dans le respect et la tolérance de l’autre.
Cet exercice vint clore, dans une ambiance bonne enfant, la session libérant les trésors d’imagination des uns et des autres. « Qui a gagné entre les deux crews ? » demandait un jeune garçon impatient de savoir si sa performance avait convaincu le maître du jour. « L’essentiel c’est de participer et d’être généreux dans l’effort » lui a rétorqué Bboy Menno. Les jeunes ont pu le retrouver lors des phases finales au Zénith de Montpellier. Les shows étaient ponctués de cercles de danseurs dans la salle où chacun pouvait donner à apprécier sa virtuosité. « J’ai pu tester à plusieurs reprises ce que j’avais appris, c’était génial ! » a dit un jeune garçon qui avait fait le déplacement, plus pour danser que pour regarder les groupes venus de la France entière s’affronter pour avoir le droit de représenter les couleurs tricolores aux championnats du monde, le Battle Of The Year International à Berlin.
La dimension participative, inclusive est essentielle dans les expressions issues des cultures urbaines : donner en partage de la qualité artistique partout et pour tous. L’aventure continue les 12, 13 et 14 juin avec un stage sous la houlette de Mohamed Belarbi leader du légendaire Vagabond Crew. Ce groupe eut le mérite de remporter le Battle Of The Year International (équivalent du championnat du monde) en 2006, 2011 et 2012. Lodève deviendra capitale du Hip Hop en Languedoc Roussillon. La ville accueillera à la salle du Triumph des jeunes venant de toute la région. Une rencontre sera organisée avec les jeunes lodévois dans un esprit de compagnonnage et d’échange de savoirs. Cette dynamique volontariste initiée dans le cadre de Lodève Urbaines Sessions, avec Jeux d’Enfants en partenariat avec le Réseau Hip-Hop LR a pour objectifs de les faire grandir en citoyenneté et pourquoi pas, de convertir leur passion en vocation.

Par Soumaïla Sunjata Koly

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