Quand les jeunes s’engagent…

Alors que le comportement de certains jeunes est parfois pointé du doigt d’une manière négative, il est rassurant de savoir que d’autres, disons dans la tranche d’âge des 15 à 25 ans, font preuve d’engagement dans les rouages de la société. C’est précisément ces jeunes que dernièrement le Département de l’Hérault a souhaité mettre en valeur au travers d’une exposition photographique au Domaine Pierres Vives, réalisée par une de leurs aînées, Sandra Mehl. Parmi les 17 jeunes Héraultais « engagés », nous en avons contacté trois œuvrant dans notre secteur : Florence Thornton de Lodève, Thomas Souchon et Arthur Lobier de Bédarieux.

Une équipe au service de l’environnement. Cette nouvelle génération active, surnommée les « Millénials », en tant que jeunes pousses du nouveau millénaire, se caractérise, comme l’explique la photographe, « par son enthousiasme, son envie d’être utile et sa confiance en l’avenir ». Qu’ils vivent en ville ou à la campagne, ces jeunes, souvent déjà coutumiers des réseaux sociaux, ont généralement été repérés par des élus de leur commune. Mais ce sont dans des projets tout à fait différents qu’ils ont décidé de s’engager, qu’il s’agisse de l’environnement, de l’humanitaire, de la culture, du sport ou de l’intergénérationnel. Prenons le cas de la jeune lodévoise Florence Thornton. Cette jeune fille, la vingtaine passée, d’origine anglaise, vit en France depuis 14 ans, à Lodève, où son père est venu s’installer comme souffleur de verre. Bien qu’éprouvant elle-même une certaine attirance pour l’art en général, et la peinture en particulier – en attestent les quelques toiles exposées cet été dans la boutique de ses parents, place de la Halle – c’est plutôt vers les sujets environnementaux que, depuis deux ans, Florence a décidé de faire porter ses efforts. C’est ainsi que, de sa propre initiative, lui est venue l’idée en 2015 d’organiser un après-midi citoyen, en invitant les lodévois et lodévoises à venir la rejoindre pour nettoyer les berges de la Soulondres. Pas question pour elle de se substituer à l’équipe verte intercommunale chargée de permettre l’écoulement régulier des eaux. Chacun son boulot. Mais, habitant elle-même au confluent de la Lergue et de la Soulondres, la jeune fille s’est montrée « effarée de voir autant de détritus jonchant les berges : bouteilles en plastique ou en verre, papiers, et même des sacs poubelles ». C’est donc là qu’elle a décidé d’agir. Sans se soucier des commentaires de certains habitants du quartier se défendant de ces marques d’incivilité en arguant que « Ce n’est pas nous, ça vient de plus haut ». Et pourtant, nous a-t-elle confié, « j’ai déjà pu constater de visu le jet de tels déchets par les fenêtres de certains riverains ». Quoi qu’il en soit, cette première opération, relayée par ses réseaux de communication et la presse locale, s’est avérée payante (si seulement !…) puisqu’en l’espace de deux heures, avec une vingtaine de personnes, amies ou inconnues, et sur seulement quelques centaines de mètres, plus de 400 kg de déchets ont été ramassés. Cette première opération a incité la jeune Florence à réitérer l’expérience. Ainsi, au cours de ces deux dernières années, pas moins de 7 sorties ont été organisées. Avec heureusement un peu moins de déchets que la première fois. Afin de pérenniser ses actions, Florence a créé en 2016 l’association « Œuvre d’eau » qui s’est donnée pour objectif de sensibiliser les gens à l’environnement. Une association que Florence compte déjà bientôt relancer avec plus d’énergie cet automne, suite à une formation de gestion associative qu’elle vient de suivre, et qui l’obligera peut-être à en modifier les statuts. En attendant les prochaines sorties, et éventuellement une reprise de son association par d’autres bénévoles, Florence continue à se former à la permaculture et à la culture biologique, ses deux vraies passions qu’elle entend poursuivre prochainement lors de voyages à travers le monde, avant de les mettre en pratique à son retour en France.

Des tatamis au monde du handicap. C’est dans un tout autre registre que les jeunes Bédariciens Thomas Souchon et Arthur Lobier ont décidé de s’engager. Ces deux copains se retrouvent périodiquement sur les tatamis de leur club de judo, l’AMB (Arts Martiaux de Bédarieux). Thomas, encore lycéen, se prépare à entrer en première, mais malgré son jeune âge (bientôt 16 ans), il s’est déjà distingué sur les tatamis en obtenant sa ceinture noire, et même depuis peu un premier « dan ». Avec son ami Arthur, il a donc décidé de faire partager son expérience auprès des plus jeunes. C’est ainsi que tout en se formant aux règles de l’arbitrage dans leur spécialité, ils ont conçu un projet d’accueil d’adolescents en difficulté tout en soutenant un projet de pratique du self-défense en direction des femmes battues, mis en place par le club AMB, dont le président n’est autre que Patrick Lobier, le père d’Arthur. C’est dire si les deux jeunes étaient déjà bien managés. Au niveau des plus jeunes, en particulier des cadets et minimes, ils ont donc créé un groupe « Judo et citoyenneté » dans le but de mettre en synergie leur sport avec la découverte des institutions de la République. Mais leur action s’est également portée sur le monde des handicapés. C’est ainsi que dernièrement, ils ont participé au projet « Prête-moi ton handicap », en allant participer à un stage de trois jours dans un centre pour handicapés, en proposant à ces derniers des activités sportives, tout en se mettant à leur niveau …et à leur place pour mieux comprendre les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien.

Éducation, citoyenneté et engagement. Ainsi donc, à côté des engagements civiques plus officiels, développés dans certaines communes du département et qui peuvent déboucher sur un emploi à l’issue de leur contrat, d’autres jeunes ont choisi d’agir dans l’ombre, bénévolement, et avec autant d’efficacité. Ce sont ceux-là mêmes que le Département a décidé de valoriser, répondant ainsi aux trois axes majeurs qu’il s’est fixé, comme le rappelle Marie Passieux, vice-présidente du Département, déléguée à la Jeunesse, aux sports et aux loisirs : « l’éducation, pour bien grandir en Hérault ; la citoyenneté, pour développer ses compétences sociales ; et enfin l’engagement, pour gagner en autonomie ».
De son côté, la photographe Sandra Mehl, qui pourrait être la grande sœur de ces millénials, s’est également attachée à mener à bien ce projet photographique. Ancienne diplômée de Sciences-Po Paris et de L’École des hautes études en Sciences sociales, elle ne pouvait elle aussi que s’intéresser à ce fait de société. Un sujet qui lui tient à cœur et qui fait suite à un autre travail réalisé en 2015, intitulé « Ilona et Maddelena » : un témoignage sur la jeunesse des milieux populaires vu à travers les deux héroïnes de son sujet. Au fil de son dernier reportage, la photographe se réjouissait d’avoir fait la connaissance de bien d’autres jeunes « engagés », dont un futur pompier volontaire ou encore des créateurs d’appli mobile. Mais à travers ses photos, c’est avant tout la force de leurs motivations qu’elle a voulu faire partager.
Par Bernard Fichet

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