Créature fantastiques : les “humanimaux”

Il y a dix ans, jour pour jour, le Centre de l’Imaginaire Scientifique Technique (C.I.S.T.) inaugurait une rubrique consacrée aux animaux excentriques. Vous avez forcément gardé, encadrés dans votre cuisine, les numéros 52 et 54 de C le MAG (!). Non ? Pas de problème, vous pouvez également recourir aux archives en ligne…

Depuis lors, chaque année, il est de coutume de mettre en avant des « bestioles » réelles ou imaginaires, phénomènes naturels ou mythologiques et autres canulars d’avril (certains lecteurs se souviennent sans doute du requin du Salagou ou la courtilière locale !).
Le C.I.S.T. célèbre en juin 2018 cette décennie d’animaux de l’étrange avec, en amont du festival Scientilivre (voir ci-après), une belle exposition à la Médiathèque de Gignac.
La série « Les Humanimaux » de l’auteur Eric Simard aux éditions Syros, best-seller des jeunes amateurs de récits fantastiques de 8 à 12 ans, en sera l’un des temps forts. Les manipulations génétiques sont à l’origine de cet excentrique cortège d’êtres uniques. Chacun est mi-enfant, mi-animal et doué de capacités extraordinaires tels l’Enperroquet, l’Enfaon, l’Enbeille, l’Encygne, l’Enlouve, l’Enbaleine… Evidemment, cette mythologie moderne réveille des souvenirs sur les innombrables créatures joignant des caractères humains, animaliers voire divins, avec leurs cortèges de super pouvoirs.
Aux côtés du yéti et des dieux égyptiens, des chimères grecques ou nordiques et des peuples étranges de la guerre des étoiles, l’exposition et les auteurs de science-fiction et fantastique invités lors du festival à Aniane et Montpeyroux, auront tout le loisir de fasciner par l’étrange.

Des dieux étranges et des créatures à leurs images. Tout de suite l’Egypte des pharaons ou les sirènes viennent à l’esprit, or de nombreuses peintures de grottes préhistoriques représentent des hommes à tête d’animal ! Sont-ce des sorciers en tenue rituelle, des dieux, ou des créatures aperçues ? Aucun doute pour Horus (faucon), Sobek (crocodile), Thot (ibis) et les autres, mais ils avaient également des divinités plus “mêlées” comme Thouéris (mi-hippopotame, mi-crocodile, aux pattes de lion).
Chez les grecs, les dieux ont des corps humains mais peuvent se métamorphoser et créer en s’accouplant des “monstres” comme le Minotaure (homme à tête de Taureau). Sans oublier les nombreux hybrides “inverses” peuplant la mythologie tels les centaures (torse humain sur corps de cheval) ou harpies (corps d’oiseau à tête de femme) et bien sûr le Sphinx (lion). Moins connus, le Cambodge, Hawaï, la Syrie, ou l’Amérique centrale présentent aussi des hybrides dans leurs cultures, tandis que le mythe du lycanthrope ou du loup-garou est répandu d’un bout à l’autre de la planète.

Des créatures sources d’enseignement. La vie de l’esclave difforme Esope est mal connue (VII-VIe av. J.-C.), au contraire de sa vivacité d’esprit et de son attrait pour le rire, lui ayant permis de retrouver la liberté. Cet anti-héros est surtout le père de la fable, récit contenant une leçon à destination de l’auditoire. Il y met en scène des animaux en leur attribuant les pensées des hommes, afin de ne pas irriter par l’exposé des défauts. Il inspira Jean de La Fontaine, dont les animaux anthropomorphes étaient adressés au Dauphin et entourés d’une morale au début et à la fin. Il lui rendit l’hommage suivant : « Je chante les héros dont Esope est le père, […] Contient des vérités qui servent de leçons : « Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons : Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes, Je me sers d’animaux pour instruire les hommes“. […] » (Extrait de A Monseigneur le Dauphin, 1668).
Ses Fables, écrites en vers contrairement à celles d’Esope (orales et en prose), ont donné à ce genre littéraire ses lettres de noblesse.
Walt Disney reprit le flambeau pour « nos chères têtes blondes » …

Quelques mutations et métamorphoses
Ceux qui peuvent choisir :
• Dracula (livre de Bram Stoker) peut devenir chauve-souris, chien et loup ainsi que brouillard ou poussières !
• Jonathan Chase dans la série Manimal, avec souvent la panthère noire, l’aigle ou le serpent.
• Changelin du dessin animé – comics Teen Titans
• Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban (1999) avec les animagi, le choix de l’animal se faisant au cours de l’apprentissage.
Et les incontournables Loups-garous : Wolf (1994) avec Jack Nicholson et Michelle Pfeiffer, Underworld (2003), Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban (1999) avec le professeur Lupin.

Profitant du territoire régional qui vient de doubler sa superficie, nous nous retrouvons aussi avec de nouvelles créatures fort intéressantes à traiter.
Nous avions déjà la bête du Gévaudan en Lozère et nous avons maintenant l’enfant sauvage, Victor de l’Aveyron, en Occitanie.
Il en est de même pour les légendes vernaculaires, dieux des peuplades antiques, imageries médiévales… notamment, la façade de l’abbaye de Conques avec ses gargouilles, démons aux attributs bestiaux et autres Léviathans, est désormais bien chez nous !
En paraphrasant, dans « Les Barbouzes », Lino Ventura à l’attention de Francis Blanche – qui avait, le saviez-vous, une maison à Puéchabon ? : « Toulouse, c’est à deux cent bornes de la mer, le vent du large y souffle un peu moins fort… » mais, associée à Montpellier, aux autres cités maritimes et « de l’arrière-pays », cela fait pour nous un beau terrain de jeu !
Par Frédéric Feu

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